Pourquoi les marchés paniquent…

Un jour, les indices boursiers baissent de 3%. Le lendemain, ils remontent de 2%. La bourse fait du yo-yo.

Un jour, les indices boursiers baissent de 3%. Le lendemain, ils remontent de 2%. La bourse fait du yo-yo. La volatilité est de retour et les spécialistes relèvent que l’indice VIX (surnommé l’indice de la peur) a plus que doublé par rapport à fin avril pour atteindre 42%. C’est encore loin du pic qui a suivi la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, en septembre 2008, mais c’est tout de même inquiétant.

C’est d’autant plus inquiétant que c’est la santé financière des Etats qui inquiète aujourd’hui. Et pas n’importe lesquels. Il ne s’agit plus de contrées exotiques qu’on charge le Fonds monétaire international (FMI) de sauver. La crise est au coeur du monde développé et menace de mettre à bas un édifice sophistiqué : la monnaie unique adoptée par des pays européens après des décennies de préparation.

Pour l’opinion publique, c’est difficilement compréhensible : les marchés financiers ont baissé ces derniers mois à cause des craintes sur la situation financière de plusieurs pays européens, à commencer par la Grèce. Plusieurs Etats, dont l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni et l’Italie ont depuis annoncé des plans de rigueur d’ampleur exceptionnelle. Et les investisseurs font la fine bouche.

Certains dirigeants politiques sont prompts à clouer au pilori les “spéculateurs” qui profitent de la situation pour gagner encore plus d’argent.

Mais il faudrait se demander pourquoi les investisseurs ont entamé ce qu’on appelle le “Flight to Quality”, c’est-à-dire la fuite vers les actifs les plus réputés et donc les plus sûrs, délaissant les actions – en particulier celles des banques – mais aussi la monnaie unique européenne, qui est en baisse par rapport au dollar (-15% depuis le 1er janvier), au Franc suisse (-4,5%), à la livre britannique (-4,3%).

Il est clair que les investisseurs aujourd’hui n’ont plus confiance dans la zone euro. Ils ont été étonnés d’apprendre que la Grèce avait maquillé ses comptes publics pendant tant d’années sans susciter de réaction de la part de la Commission européenne. Ils ont été encore plus étonnés des atermoiements des grands pays de la zone euro au sujet de la mise en oeuvre d’un plan de relance. Et ils sont aussi atterrés face à la politique du chacun pour soi : certains pays, qui ont peur d’une dégradation de la note de leur dette souveraine qui réduirait leur accès aux marchés financiers, se dépêchent de présenter des plans d’économies sans trop se soucier de l’impact sur la croissance future. Tout cela sent bon l’improvisation.

Or, la plupart des investisseurs ont horreur de l’improvisation tandis que d’autres profitent de la moindre hésitation des pouvoirs publics pour spéculer sur les actions ou sur les devises. Aujourd’hui, ils n’ont plus confiance dans la politique des pays européens ni dans des institutions qui jouissaient jusqu’ici d’une crédibilité certaine, comme la Banque centrale européenne (BCE).

La plupart des spécialistes pensent donc que les indices boursiers vont continuer à baisser dans les prochains mois. Les mouvements de yo-yo s’expliquent simplement : les investisseurs – qui souvent gèrent l’argent nécessaire pour payer des pensions de retraite ou pour assurer le rendement des contrats d’assurance-vie – ont pour mission première d’essayer de gagner de l’argent. Quand la valeur d’un actif (action, obligation, monnaie, etc.) baisse, ils achètent quitte à vendre quelques heures ou quelques jours plus tard.

Cette situation durera tant que les gouvernements ne seront pas en mesure de présenter une stratégie globale en matière de politique économique.