par Vincent Boy, Analyste marché chez IG France
Les taux négatifs profitent fortement aux métaux précieux. L’or est au plus haut depuis 6 ans. Le palladium dépasse régulièrement de nouveaux records. Et cela n’est pas près de s’arrêter.
Après une décision de politique monétaire jugée décevante par le président américain la semaine dernière, le compte rendu divulgué après la reprise des négociations entre les États-Unis et la Chine en fin de semaine dernière ne semble pas convaincre les investisseurs.
Les déclarations sont restées une nouvelle fois très vagues et les traditionnelles annonces de l’administration américaine précisant que « les discussions ont été productives » ont de plus en plus de mal à convaincre les marchés.
Par ailleurs la Chine a, pour la seconde fois, adopté ce type de communication en déclarant à son tour que les « discussions étaient constructives » et qu’il y avait également eu des « discussions détaillées » afin de préparer la rencontre, à un niveau supérieur, prévue en octobre.
Deux points ont cependant retenu l’attention des investisseurs. D’abord le fait que la Chine n’ait finalement pas visité certaines fermes aux États-Unis, comme cela avait été indiqué. En revanche la communication des deux administrations sur ce point ne met pas en cause l’échec des négociations mais plutôt un changement dans l’agenda des délégations.
Deuxièmement, le président américain a validé la demande des sociétés américaines d’exempter de taxes 400 produits d’importation en provenance de Chine. Le plus improbable est le fait que ces exonérations courent de septembre 2018 à août 2020 avec effet rétroactif et que l’administration américaine remboursera les taxes déjà perçues.
Ce fort retour en arrière n’est pas de nature à rassurer les investisseurs qui voient ici un signe que l’impact sur l’économie devient incontrôlable, ce qui force l’administration américaine à ralentir sa stratégie agressive dans les négociations commerciales.
L’autre évènement qui sera suivi de près concerne les tensions au Moyen-Orient, depuis l’attaque des capacités de production de l’Arabie Saoudite il y a 10 jours. Les États-Unis ont en effet confirmé l’envoi de troupes supplémentaires dans le golf, dans le but de « dissuader et de défendre », en assurant vouloir éviter une guerre avec l’Iran.
En effet, au-delà des risques de voir un conflit armé et un déficit sur le marché du pétrole, la forte accélération des prix du baril pourrait persister et amener des tensions inflationnistes, notamment aux États-Unis, alors que la Fed a baissé à deux reprises son taux au cours des derniers mois.
Les dernières données de l’IPC core (indice de prix à la consommation – hors alimentation et produits énergétiques) montraient une progression de 2,4% alors que l’IPC global ressortait à seulement 1,7%.
Ainsi une hausse durable du prix du pétrole pourrait conduire à une hausse généralisée des prix, bien plus importante qu’anticipée et cela pourrait soulever certaines questions quant à l’évolution de la politique monétaire aux États-Unis.
Au-delà de ces deux grands sujets, certaines publications seront surveillées de près. À commencer par l’indice manufacturier en Allemagne ressorti au plus bas depuis juillet 2009. L’indice composite ressort quant à lui pour la première fois sous le seuil de contraction des 50,0 depuis novembre 2012.
Ces chiffres semblent confirmer l’entrée en récession de la première économie européenne. Ainsi nous surveillerons également l’indice IFO, publié demain en Allemagne.
Enfin, nous resterons attentifs aux données publiées aux États-Unis avec la confiance des consommateurs mardi, le PIB jeudi et les commandes de biens durables et le PCE vendredi.