par Caroline Newhouse-Cohen, économiste chez BNP Paribas
A l’occasion de la réunion du G-20 à Toronto, les chefs d’Etat ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur un calendrier, que ce soit en matière de consolidation budgétaire ou dans le domaine financier (cf. Ecoweek 10-25 : « Un G-20 pour faire taire les désaccords ? »). Concernant, la régulation des banques et la supervision financière, le G-20 s’est ménagé d’importantes périodes de transition, pour assurer une adoption progressive des nouveaux standards prudentiels par les systèmes bancaires nationaux.
En revanche, les chefs d’Etat des pays développés, à l’exception du Japon, se sont engagés à réduire de moitié leur déficit budgétaire d’ici à 2013 et à stabiliser, voire à faire reculer, leur endettement d’ici à 2016. Les Etats-Unis et le Canada avaient, en effet, milité pour un étalement dans le temps des efforts de consolidation des finances publiques soulignant, avant tout, la nécessité d’assurer une croissance plus équilibrée.
Cerrtains pays ont, en effet, plus de marges de manœuvre budgétaire que d’autres, compte tenu de l’effort à fournir et du rythme de croissance initial. Au sein de la zone euro, la croissance de l’Allemagne, qui représente plus du quart de l’économie de la zone, devrait être relativement dynamique en 2010 (près de 2%), principalement soutenue par la vigueur des exportations. Les dernières données publiées confirment cette hypothèse. A contrario, l’activité en France, largement tributaire du dynamisme de la consommation des ménages, devrait être inférieure à 1,5% cette année.
Par ailleurs, dans la zone euro, la reprise actuelle dépend principalement du rebond de la demande mondiale, alors que la demande intérieure européenne devrait souffrir de l’effet des mesures de consolidation budgétaire prises dans la plupart des pays membres. La croissance du PIB à travers le monde devrait être de l’ordre de 4% en 2010 comme en 2011. Or le cycle manufacturier, qui a été, jusqu’à présent, le principal moteur de la reprise mondiale, a vraisemblablement déjà touché son point haut. Des signes de ralentissement sont visibles dans certains pays émergents. En particulier, l’indice de production de l’enquête PMI dans le secteur manufacturier chinois est repassé sous 50 en juin, ce qui annonce un ralentissement de la production industrielle. En outre, plusieurs facteurs (politique monétaire restrictive, contrôle sur les prix de l’immobilier résidentiel et réglementation de l’investissement local) pèsent désormais sur l’activité chinoise et devraient entraîner un ralentissement. Enfin, l’abandon du peg contre dollar, annoncé une semaine avant le G20, pourrait peser sur le dynamisme des exportations chinoises, même si l’appréciation du renminbi ne devait être que très progressive.
L’arrivée à échéance jeudi de la première des trois opérations de Refinancement à Long Terme (ORLT) à 12 mois effectuées par la Banque Centrale Européenne en 2009 a suscité de nombreuses inquiétudes, certains intervenants craignant que cela ne crée de nouvelles tensions sur le marché interbancaire (cf. Focus 1 et 2) et ne mettent en difficulté certaines banques de la zone.
Toutefois, les montants alloués (donc les demandes de l’ensemble des banques, puisque toutes les soumissions ont été servies) à l’occasion de l’ORLT à 3 mois, mercredi (EUR 131,9 milliards) et de l’opération spéciale à 6 jours, jeudi (EUR 111,2 milliards), signalaient que les banques étaient moins dépendantes de la liquidité banque centrale que les marchés ne l’avaient craint, jusque-là. En outre, la Banque centrale européenne devrait continuer de fournir, de façon illimitée, des liquidités, au taux Refi de 1%, que ce soit sous la forme d’ORLT à 3 mois (après celle de jeudi, d’autres devraient suivre en juillet, août et septembre) ou d’OPR hebdomadaires, et ce au moins jusqu’à la fin du troisième trimestre, afin de limiter les tensions sur le marché monétaire. Elle devrait, enfin, maintenir le taux refi inchangé à 1%, tout au long de l’année.