Etats-Unis : coup de frein mais pas panne de carburant

par Hélène Baudchon et Lauren Nguyen, économistes au Crédit Agricole

  • 1,8% de croissance (rythme annualisé) en première estimation au premier trimestre 2011.
  • Redressement modeste mais encourageant de la confiance des ménages en avril.
  • Rebond rassurant des indicateurs immobiliers sur le mois de mars.

 

En première estimation, le PIB a progressé de 1,8% (rythme annualisé) au premier trimestre de cette année, accusant un net ralentissement après une croissance de 3,1% sur le trimestre précédent. Ce chiffre faible, mais attendu, masque une décomposition de la croissance plus favorable. La croissance a, en effet, été pénalisée par la contribution négative des dépenses publiques militaires (-0,7 point de pourcentage) et locales (-0,4 point), de l’investissement résidentiel (-0,1 point) et en bâtiments (-0,6 point), pour un total de points non négligeable (1,8). A l’exception des dépenses publiques locales, de tels reculs (dus à la météo pour l’investissement) ne se reproduiront pas au deuxième trimestre. Les variations de stocks ont soutenu la croissance à hauteur de 0,9 point, tandis que le commerce extérieur a à peine pesé (contribution de -0,1 point). La consommation des ménages (+2,7%) s’est remarquablement bien tenue malgré la forte hausse du pétrole. La même performance au deuxième trimestre est néanmoins loin d’être garantie. Et le meilleur pour la fin : la nouvelle progression à deux chiffres de l’investissement en équipements et logiciels (+11,6%).

L’enquête de confiance des ménages du Conference Board s’est légèrement redressée en avril. Elle est ainsi passée de 63,8 à 65,4, portée par un jugement un peu moins défavorable de la situation actuelle du marché du travail. Le rythme plus régulier des créations nettes d’emplois, couplé avec la hausse des marchés actions, a réconforté les consommateurs quant à leurs perspectives de revenus, et ce malgré un jugement sur les conditions globales d’activité encore morose. Ces facteurs ont pu compenser l’effet négatif de la hausse de l’essence, la cause principale de la chute du moral en mars (-8,2 points et -16,2 points pour la seule composante anticipation). Le redressement de la confiance en avril ne corrige que marginalement le terrain perdu, mais au moins est-elle repartie dans la bonne direction.

Le rebond attendu des indicateurs immobiliers sur le mois de mars a bien eu lieu et n’a pas déçu, confortant l’explication aberration statistique et météo difficile à la série noire de février. Les mises en chantier se sont redressées de 7,2% sur le mois et les permis de construire de 11,2%. Côté demande, les chiffres sont aussi positifs avec une hausse des ventes dans l’ancien (+3,7%) comme dans le neuf (+11,1%). Pour autant, le marché immobilier n’est toujours pas sorti d’affaires. Au-delà de la volatilité, le déclin de l’activité s’est certes interrompu mais aucune reprise (une vraie, en V pas en L) ne se dessine depuis des niveaux pourtant historiquement bas. Par ailleurs, les prix sont repartis à la baisse et les perspectives ne sont pas claires, la baisse s’accélérant ou ralentissant selon les indices. Cette rechute des prix n’est pas une surprise en tant que telle : elle découle des contrecoups de l’activité sur fond de pressions baissières alimentées par l’excès d’offre et les saisies. Le plus probable est, qu’avec le redressement de la demande et parce qu’ils sont revenus à des niveaux très abordables, les prix cessent de baisser prochainement, l’excès d’offre jouant surtout comme un frein à leur hausse.

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