Etats-Unis : Des indicateurs immobiliers qui n’indiquent pas grand chose

par Hélène Baudchon et Laure Nguyen, économistes au Crédit Agricole

  • Moral bas inchangé en janvier des constructeurs immobiliers d’après l’enquête NAHB.
  • Baisse de 4,3 % des mises en chantier sur le mois de décembre mais bond de 16,7 % des permis de construire.
  • Forte hausse des ventes de logements dans l’ancien sur le mois de décembre (+12,3 %).

 

Les mises en chantier ont baissé de 4,3% sur le mois de décembre entraînées par une chute de 9 % des mises en chantier de logements individuels. Une correction était attendue après plusieurs de mois de hausse qui avaient creusé un écart anormal avec le niveau des permis de construire. Les mises en chantier de logements collectifs, très volatiles au mois le mois, ont, elles, bondi de 25,9 %. Les lourdes chutes de neige dans le nord-est et le Midwest sont probablement aussi pour quelque chose dans la baisse des mises en chantier de logements individuels.

Les permis de construire sont bien moins sensibles aux conditions météorologiques et donc plus pertinents pour juger de l’état du marché. Cependant, le chiffre de décembre souffre d’un autre type de distorsion : l’application de nouvelles normes de construction plus contraignantes à partir de janvier en Californie, Pennsylvanie et New York qui biaise à la hausse les permis déposés en décembre. D’où leur bond de 16,7 % sur le mois, qui se décompose en un saut de 53,5 % des permis de construire de logements collectifs et une progression plus modérée de 5,5 % pour les logements individuels. Cette dernière n’en est pas moins un bon signal pour les perspectives du marché, les permis d’aujourd’hui étant les mises en chantier de demain.

Au final, ni la baisse des mises en chantier ni la hausse des permis ne sont vraiment significatives ; elles ne marquent ni le début d’une rechute du marché ni celui d’une reprise vigoureuse. L’immobilier reste dans un no man’s land dont il devrait sortir progressivement en 2011 avec la croissance de l’emploi. Nous n’attendons pas de véritable reprise avant l’année prochaine. L’enquête NAHB sur le moral des constructeurs ne dit pas autre chose.

Elle n’a pas bougé depuis trois mois. En janvier, le jugement sur l’activité présente comme celui sur les perspectives est resté inchangé. L’indice appréciant le trafic des acheteurs qui prospectent s’est certes redressé de 11 à 12 mais il fluctue à ces niveaux depuis 4 mois. Les constructeurs continuent en particulier de se plaindre de conditions d’octroi de crédit difficiles, illustrant la difficulté de la politique monétaire, pourtant très accommodante, à mordre sur l’activité.

Les ventes de logements dans l’ancien ont vigoureusement progressé de nouveau sur le mois de décembre (de 12,3 % après déjà +6,1 % sur le mois de novembre), revenant ainsi à leur plus haut niveau depuis mai 2010 et même à la case départ, à savoir leur niveau du printemps 2009, avant l’entrée en vigueur du premier crédit d’impôt aux primo-accédants dont le bilan n’est pas si positif que cela au vu de la volatilité de l’activité qui en a résulté. On notera que 36 % des transactions sont des ventes de logements saisis, à prix bradés, une proportion plus élevée que les 33 % prévalant les mois précédents. C’est plutôt bon signe puisque cela aide à résorber l’excès d’offre dans l’ancien, principal problème du marché immobilier. De fait, le ratio stocks/ventes est redescendu à 7,8 mois pour les maisons individuelles (il frôlait les 12 mois à la mi-2010), une diminution qui devrait s’accompagner d’un relâchement des pressions baissières sur les prix.

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