par Laurent Berrebi, directeur des études économiques de Groupama AM
La crise dans l’immobilier commercial s’amplifie : les dépenses en construction des entreprises se sont contractées en rythme annualisé de 15% au 3e trimestre et plus de 30% sur les 2 derniers mois. Outre les surcapacités, les PME rapportent des difficultés sans précédent pour obtenir un crédit bancaire. Car, le système financier est toujours malade : à 15% avant la crise, le ROE des banques est nul, ce qui ne les empêche pas pour autant de reprendre la distribution de dividendes ! La baisse toujours plus prononcée des encours de crédits hypothécaires, est d’ailleurs mauvais signe pour un marché de l’immobilier résidentiel qui a cependant enregistré un fort rebond de ses ventes récemment.
Enfin, la consommation privée devrait baisser de nouveau, après les hausses récentes. Les très faibles suppressions d’emplois du mois de novembre (-11 000) ont constitué une belle surprise. Mais, elles proviennent du recours accru au travail temporaire, nécessaire pour répondre à l’afflux important de commandes industrielles reçues durant l’été dues à la prime à la casse. Les indices ISM, très significatifs de la tendance de fond du marché du travail, indiquent eux une détérioration marquée des suppressions d’emplois à près de 300 000 par mois dans le secteur privé. Ainsi, après -2,5% en 2009, la croissance devrait se réduire en début d’année prochaine et atteindre 1,8% en 2010, dans un climat d’amplification des pressions déflationnistes.
Zone Euro : la croissance sera faible en 2010
Le PIB a augmenté de 0,4% au 3e trimestre après -0,2% et -2,4% sur les deux trimestres précédents, mais a baissé de 0,3% en Espagne comme au Royaume-Uni.
La croissance, très décevante, n’a résulté que du secteur industriel, dynamisé par l’extérieur et le cycle des stocks qui y ont contribué à hauteur de +0,3 et de +0,2 point respectivement. L’activité dans les services a été plombée par la poursuite de la contraction de la demande intérieure finale dans tous les pays.
La croissance devrait s’affaiblir en début d’année prochaine. La contraction de l’investissement (-0,4% au 3e trimestre) se poursuivrait en raison des surcapacités et des contraintes importantes de financement qui pèsent sur les entreprises : les crédits aux entreprises continuent de se réduire sur un rythme mensuel de plus de 25 Md€ par mois.
La baisse de la consommation des ménages devrait également se prolonger après -0,2% au 3e trimestre, en raison de la dégradation du pouvoir d’achat des ménages. En particulier, l’emploi diminue toujours à un rythme trimestriel de 0,5%, provoquant 500 000 nouveaux demandeurs d’emplois par trimestre. Les intentions d’achats de biens durables par les ménages se dégradent, indiquant la fin des effets positifs de la prime à la casse.
Dans ce contexte, les pressions déflationnistes s’accentuent, dans le secteur industriel notamment : l’inflation sous-jacente devrait baisser davantage, en dépit de la hausse des prix énergétiques.
La croissance devrait être de 0,8% en 2010.
Japon : la déflation s’amplifie, en dépit du dynamisme des exportations
La croissance a été de 0,3% seulement au 3e trimestre. Elle provient de l’extérieur (+0,5 point de contribution). L’investissement a réduit la croissance de près de 0,8 point et la consommation des ménages l’a augmentée de 0,5 point.
En dépit du dynamisme des exportations qui ont encore augmenté de 3,3% en octobre après +5,4% en septembre, grâce à l’Asie et à la Chine en particulier, la production industrielle ne progressa que de 0,3% en octobre.
L’investissement poursuit sa contraction, comme le montrent les nouvelles commandes intérieures de biens d’équipement et les surfaces d’immobilier commercial mises en chantier. La forte réduction du nombre d’heures travaillées annonce une prochaine dégradation marquée du marché du travail. Elle a pour effet immédiat une contraction des revenus salariaux des ménages et de leur pouvoir d’achat sur un rythme de 2% l’an. De ce fait, la consommation devrait ralentir sensiblement, voire même baisser au regard de nombreux indicateurs.
Enfin, l’appréciation du taux de change effectif du yen, qui renoue avec ses plus hauts historiques de 1998, provoque une nouvelle baisse des prix à l’exportation. Face à cette profonde déflation, le gouvernement japonais veut adopter un nouveau plan de relance de l’ordre de 4 000 Md yens, soit quasiment 1 point de PIB, alors que la Banque du Japon a décidé de fournir davantage de liquidités (10 000 Md yen) au système bancaire.
La croissance atteindrait 1% en 2010.