par Caroline Newhouse-Cohen, économiste chez BNP Paribas
Selon le Beige Book de la Réserve fédérale couvrant la période du 20 novembre au 4 janvier, la reprise s’est légèrement renforcée et a continué de se propager à l’ensemble de l’économie américaine : dix régions sur douze ont signalé une hausse de l’activité ou une amélioration des conditions économiques. Toutefois, l’activité demeure encore inférieure au niveau affiché avant la récession. Si la reprise est perceptible dans la plupart des secteurs, et en particulier dans l’industrie, le secteur bancaire et l’immobilier commercial restent à la traîne, alors que la dépendance de l’immobilier résidentiel aux différents dispositifs de soutien gouvernementaux avait été soulignée lors de la dernière réunion de la Fed.
Par ailleurs, le rapport note une stabilisation des conditions sur le marché du travail, en ligne avec le ralentissement des licenciements et une nette modération des demandes d’indemnisation chômage. Somme toute, compte tenu de l’évolution favorable des marchés financiers, le FOMC des 26 et 27 janvier pourrait confirmer la fin des achats de dette d’agences (175 milliards de dollars). En revanche, les achats d’actifs adossés à des prêts hypothécaires (dont le plafond actuel est de 1 250 milliards de dollars) pourraient être prolongés au-delà de la fin du premier trimestre 2010.
En effet, les membres de la Banque centrale ne sont pas tous du même avis sur ce point. Certains estiment que la hausse des taux d’emprunts hypothécaires pourrait être de l’ordre de trois-quarts de point en cas de non prolongement des achats de MBS, ce qui modifierait significativement les perspectives de reprise du marché immobilier et plus généralement de l’économie américaine. La Réserve fédérale se montrera, par conséquent, d’une extrême prudence. Elle devrait, en outre, décider de laisser inchangé son objectif sur le taux des Fed funds, et rappeler qu’il pourrait rester à un niveau exceptionnellement bas pendant une « période prolongée ». En effet, en dépit de l’amélioration en cours, en particulier dans l’industrie (l’indice total de l’enquête PMI manufacturier s’est redressé en décembre, de 53,6 à 55,9, atteignant son niveau le plus élevé depuis avril 2006), l’extinction de certains facteurs temporaires de soutien (reprise du secteur automobile, plan de relance, cycle des stocks) devrait limiter le potentiel de reprise de l’économie. Par ailleurs, l’inflation sous-jacente devrait se modérer au cours des prochains mois.
Après avoir vu sa notation dégradée, en décembre et en janvier, par les trois grandes agences de notation (avec un rating désormais de BBB+ chez Standard & Poor’s et Fitch, et de A2 chez Moody’s) la Grèce reste sous les feux des projecteurs. A la suite de la visite d'experts de la Commission européenne et de la BCE venus examiner l'état des finances publiques du pays, la semaine dernière, la Commission vient de publier un rapport très critique sur la qualité des données statistiques grecques (cf. « Report on Greek government deficit and debt statistics”). De fait, la Commission considère que les estimations publiées en octobre pourraient être bien trop optimistes (le déficit public devrait être d’environ 12% du PIB en 2010 après près de 13% en 2009, et la dette publique représenterait 125% du PIB en 2010, la plus élevée de la zone euro). Par ailleurs, et à la demande du gouvernement, une mission du FMI s’est rendue en Grèce cette semaine pour « examiner l’éventualité d’une assistance technique sur la réforme des retraites, la politique fiscale, l’administration fiscale et la gestion du budget ». Le Premier ministre grec vient de présenter les grandes lignes de son programme de stabilisation et de croissance (document transmis à la Commission européenne vendredi 15 janvier) qui prévoit une réduction du déficit public à moins de 3% d’ici à 2012.
Toutefois, les marchés financiers ne semblent pas enclins à s’apaiser. L’écart entre le rendement des obligations d’Etat grec à 10 ans et celui du Bund s’est à nouveau élargi pour dépasser 250 pb, retrouvant les niveaux atteints en décembre dernier.
M. Trichet a déclaré lors de sa réunion de la BCE, du jeudi 14 janvier, que la Banque centrale n’adaptera pas ses exigences en termes de collatéral aux besoins d’un pays de la zone euro. La BCE semble donc bien décidée à ne pas revenir sur ce qui est prévu : en 2011, elle demandera de nouveau des actifs notés A- au minimum, comme collatéral pour ses opérations de refinancement (depuis la fin 2008, la Banque centrale a abaissé son exigence en matière de rating à BBB-). Ceci serait d’ailleurs cohérent avec le début du retrait des politiques non conventionnelles de prêts annoncé en décembre, avec la fin des opérations à 12 mois et 6 mois, et confirmé lors de la réunion de janvier (voir Ecoflash 10-023). Tout ce qui précède devrait peser sur l’euro…