par François-Xavier Chauchat, Economiste, membre du Comité d’investissement de Dorval AM
Les développements récents viennent questionner deux de nos thèmes d’investissement. D’abord, le scenario du pire semble se matérialiser en Italie, avec des enjeux considérables pour la zone euro. Ensuite, les marchés et devises émergentes ont beaucoup souffert depuis la mi-mars, ce qui conduit certains observateurs à devenir pessimistes sur toute cette classe d’actifs. Voici notre analyse.
Au pire, le gouvernement italien va s’engager dans une confrontation avec le reste de la zone euro jusqu'à ce que le gouvernement tombe. On ne peut exclure complètement ce scenario car les économistes soutenant la Lega sont ouvertement anti-euro. La Constitution italienne présente cependant des garanties importantes contre ce scénario « à la Grèce ». Au mieux, la nouvelle coalition italienne jouera le scenario portugais, conduisant à une expansion budgétaire limitée et à une demande intérieure plus forte. Avec les bons fondamentaux italiens du moment, cette voie semble praticable. Nous verrons comment les choses se passent, l'Italie est désormais sous la menace d'une dégradation de sa notation. Ce risque est cependant dans les prix.
La faiblesse récente des marchés émergents est souvent expliquée par leur vulnérabilité à la hausse des taux d'intérêt américains, sur fond d’un excès d’endettement. Ce n’est pas notre analyse. Hors Chine, dont la dette ne circule pas dans le système financier international, la dette émergente n'a augmenté que modérément au fil du temps. De plus, la hausse des taux d'intérêt américains n'entraîne pas fatalement les devises émergentes à la baisse. La sous-performance des émergents a été d’avantage causée par une combinaison de facteurs : prises de bénéfices, risques politiques et hausse du pétrole. Avec la chute des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et la poursuite de la croissance mondiale, nous ne voyons pas de raisons de nous détourner de l’ensemble des marchés émergents.