par Franck Dixmier, Directeur des gestions obligataires chez Allianz GI
Alors que l’inflation sous-jacente reste nettement ancrée en dessous de son objectif de 2%, la Réserve fédérale américaine ne ressent pour le moment aucune urgence à relever ses taux d’intérêt. Cependant, compte tenu du retour au plein-emploi de l’économie américaine, il lui sera de plus en plus difficile de maintenir durablement un tel statu quo.
Avec le regain d’appétit des investisseurs pour le risque au cours de l’été, les arguments avancés par la Fed en juin et juillet pour justifier son inaction (risques externes susceptibles d’affecter la croissance, doutes sur la stabilité financière après le referendum sur le Brexit) ne sont plus valables. À partir de maintenant, la Fed devrait se concentrer davantage sur l’évolution de la situation économique locale et force est de constater que sur ce plan les indicateurs sont résolument orientés à la hausse.
Cependant, le cycle de normalisation de sa politique monétaire sera très probablement bien différent de ceux observés par le passé, ce qui ne laisse présager que des hausses de taux très progressives et limitées. La Fed sera également attentive à ce que ses décisions ne pénalisent pas la croissance économique, ni la stabilité financière aux États-Unis.
Dans un tel contexte, nous pensons que la réaction du marché face à la prochaine hausse de taux se traduira dans un premier temps par une correction des actifs risqués comme les actions et les obligations d’entreprises. Ces classes d’actifs pourraient toutefois rebondir peu après pour retrouver des niveaux de performance convenables.
Pour le moment, la courbe de rendements américaine n’intègre pas totalement le potentiel de remontée des taux Fed funds en 2017. En conséquence, une exposition short aux bons du Trésor américains couplée à une position longue sur les emprunts d’État allemands pourrait permettre aux investisseurs de tirer parti du possible élargissement des spreads lié à la divergence des politiques monétaires entre la Fed et la Banque centrale européenne. Sur le marché des changes, une telle évolution se traduirait également par une surperformance du dollar US face à l’euro.