par Franck Dixmier, Directeur des gestions obligataires chez Allianz GI
Après la dernière publication des minutes du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (FOMC), les marchés anticipaient une hausse des taux de la Fed pour juin ou juillet. Le faible chiffre de créations d’emploi publié aux Etats-Unis en mai les a pris à revers : une seule hausse est désormais envisagée sur les 12 prochains mois. La confusion règne donc sur les marchés, alimentée par la Fed elle-même qui ne laisse planer aucun doute sur les perspectives de hausses, mais ne se prononce pas sur le timing.
Notre analyse n’a pas changé. Le niveau des créations d’emplois est certes décevant, mais un chiffre ne fait pas une tendance. Ce rythme moins soutenu peut aussi être interprété comme l’arrivée à maturité du cycle économique américain. Deux éléments contenus dans le rapport sur l’emploi renforcent notre conviction qu’au moins une hausse devrait intervenir en 2016 : les demandes d’allocation chômage ont atteint un plus bas depuis 1970 (1,3% de la population active américaine) ; la raréfaction croissante de la main d’œuvre modifie le rapport de force entre employeurs et salariés en faveur de ces derniers, augurant de futures hausses de salaires.
Lors de sa réunion cette semaine, la Fed devrait prendre en compte ces éléments lorsqu’elle procédera à la mise à jour trimestrielle de ses prévisions concernant l’inflation, la croissance et la trajectoire de ses taux directeurs pour les trois prochaines années. Il ne serait pas surprenant qu’elle réitère la perspective de deux hausses de taux en 2016. Une telle annonce à laquelle les marchés ne sont pas préparés, entraînerait un surcroit de volatilité et provoquerait une correction des parties courtes et intermédiaires de la courbe des taux aux Etats-Unis.