France : vers une contraction du PIB au deuxième trimestre

par Charlotte de Montpellier, Senior Economist chez ING

L’économie française continue de décevoir. En mai, la production industrielle a de nouveau reculé, renforçant le risque d’une contraction du PIB au deuxième trimestre. Les perspectives pour la suite de l’année restent sombres.

Alors que plusieurs pays européens ont bénéficié de bonnes surprises économiques au premier semestre 2024, la France fait figure d’exception. Les indicateurs s’enchaînent et confirment une dégradation progressive de la conjoncture. Dernier signal en date : les chiffres de la production industrielle publiés début juillet.

En mai 2025, la production manufacturière a reculé de 1%, après une baisse révisée de 0,7% en avril. L’ensemble de l’industrie affiche une contraction de 0,5%, après -1,4% le mois précédent. Ces résultats sont nettement inférieurs aux attentes. Sur les trois derniers mois, la production manufacturière est inférieure de 0,4% à celle de la même période en 2024.

La baisse est généralisée, à l’exception de la fabrication d’équipements de transport (aéronautique, naval, ferroviaire) et de la production d’électricité. Le secteur de la construction n’est pas épargné : -0,5% en mai, comme en avril. Sur trois mois, la production y chute de 3,8 % en glissement annuel.

Ces données confirment la fragilité de l’industrie française et renforcent la probabilité d’une contraction du PIB au deuxième trimestre. Nous anticipons un recul de 0,1% en variation trimestrielle.

Des perspectives assombries

Le plus préoccupant est l’absence de signaux de reprise. En juin, le climat des affaires s’est encore détérioré dans l’industrie, et reste faible dans l’ensemble de l’économie. La confiance des entreprises est en berne, et les anticipations de demande restent très limitées.

Plusieurs facteurs alimentent cette morosité :

• Incertitudes commerciales : à quelques jours de la date butoir du 9 juillet, aucune clarté n’a été apportée sur les droits de douane américains visant les produits européens. Les exportateurs restent dans l’expectative, freinant investissements et plans de développement.

• Appréciation de l’euro : depuis le début de l’année, l’euro s’est renforcé de 5% en termes nominaux effectifs (par rapport aux 41 principaux partenaires commerciaux), de 4,3% en termes réels, et de 13,5% face au dollar. Cette évolution pèse lourdement sur la compétitivité des exportateurs.

• Contexte géopolitique instable : les tensions internationales continuent de miner la confiance des acteurs économiques.

• Incertitudes budgétaires internes : les discussions budgétaires à venir en France s’annoncent particulièrement tendues. L’ampleur de l’ajustement attendu laisse présager des hausses d’impôts, susceptibles d’affecter ménages et entreprises. Le risque politique, notamment en cas d’échec des négociations parlementaires, pourrait entraîner une hausse des spreads sur la dette française, renchérissant les coûts de financement pour les entreprises.

Une croissance durablement affaiblie

Dans ce contexte, les perspectives économiques restent très limitées. Nous prévoyons une croissance du PIB de seulement 0,4 % en 2025, après 1,1 % en 2024, et une légère reprise à 0,8 % en 2026. L’économie française semble donc condamnée à une croissance molle, dans un environnement incertain et peu porteur.