par Laurent Gonon, Directeur des gestions, et Warin Buntrock, Directeur adjoint des gestions chez BFT IM
L’année 2024 a été jusqu’à présent un bon cru pour l’économie et pour les marchés financiers. Les prévisions de croissance ont été constamment revues à la hausse et les grands indices boursiers ont battu des records historiques. Alors que nous entrons dans la deuxième moitié de l’année, la météo économique et financière semble se dégrader peu à peu. Si certains facteurs de risque, comme la persistance de l’inflation ou les effets retardés des politiques monétaires restrictives, sont présents depuis un moment, de nouveaux facteurs de risque passent en première ligne.
Les investisseurs ne prévoient plus que deux baisses des taux directeurs de la Fed pour cette année contre plus de six il y a encore quelques mois. Ils continuent, en revanche, de prévoir entre cinq et six baisses supplémentaires en 2025 et cela sans que l’économie américaine ne plonge en récession. Cela facilitera la tâche de la BCE qui devrait aussi continuer à baisser ses taux directeurs en 2024 et 2025. Le maintien de ces anticipations d’assouplissements monétaires bien que décalées de 2024 à 2025 constitue un important facteur de soutien aux actifs risqués. Le desserrement monétaire reste bien sûr conditionné à la poursuite du processus de désinflation qui semble désormais bien enclenché.
Un premier facteur de risque : le ralentissement de la croissance mondiale
Depuis quelques semaines, des indicateurs économiques de plus en plus nombreux laissent entrevoir un ralentissement de la croissance mondiale, même s’il ne faut évidemment pas surinterpréter quelques chiffres isolés. Aux Etats-Unis, le taux de chômage augmente lentement atteignant 4,1% en juin après un plus bas de 3,4% en janvier 2023. En zone euro, le flash PMI Composite a baissé le mois dernier de 1,3 point à 50,8, stoppant sa hausse ininterrompue depuis octobre 2023. Les signes de faiblesse de l’économie mondiale restent pour le moment modestes et, en ce qui concerne les Etats-Unis, ils sont plutôt bienvenus permettant d’apaiser les tensions inflationnistes. Mais alors que cette tendance semble désormais bien établie et se généralise à toutes les régions, il ne faudrait pas qu’elle accélère trop, d’autant plus que la dégradation du climat politique dans de nombreux pays risque de peser sur la confiance des agents économiques et que les effets retardés des politiques monétaires restrictives sont toujours à l’œuvre.
Un deuxième facteur de risque : le creusement des déficits publics
Jusqu’à présent, l’attention des investisseurs était plutôt focalisée sur les politiques monétaires. La dérive des déficits budgétaires dans de très nombreux pays ne les inquiétait pas réellement. La perspective d’une victoire de Donald Trump, dont le programme économique peut se résumer pour l’essentiel à baisser les impôts et à relever les droits de douane, conduirait à une politique fiscale expansionniste creusant encore les déficits budgétaires. La question des déficits budgétaires en Europe pourrait conduire à une détérioration des conditions de financement des Etats qui sont, malgré la hausse des taux, toujours favorables.
La balance des risques penche en faveur d’un atterrissage en douceur de l’activité. Mais les évolutions en économie et sur les marchés financiers sont rarement linéaires. Il faut continuer à garder un œil attentif sur l’accumulation des facteurs de risques qui pourrait tôt ou tard atteindre un point de bascule et déclencher un épisode d’aversion au risque chez les investisseurs.