par Dan Carter, co-gérant du fonds Jupiter GF Japan Select chez Jupiter Asset Management
L’économie japonaise est plus affectée par le contexte international que par les facteurs domestiques. Seule une politique anti-déflationniste permettra au pays de se rétablir.
Même s’ils peuvent encore faire l’objet d’une révision, les premiers chiffres annoncés par le gouvernement japonais font état d’un PIB réel corrigé des variations saisonnières en baisse de 0.9% au troisième trimestre 2012 (soit 3.5% en annualisé). Ce chiffre parait faible, mais il est en ligne avec les prévisions étant donné qu’un certain nombre des facteurs étaient déjà connus.
Quand on fait la distinction entre les facteurs domestiques et les facteurs externes, nous pouvons voir que ces derniers ont des effets bien plus néfastes que les facteurs domestiques. En effet, la consommation intérieure a chuté au troisième trimestre mais cela est surtout dû à la fin largement anticipée de la subvention pour l’achat de voitures écologiques qui avait fortement stimulé la demande, alors que la reconstruction suite au séisme était positive pour l’économie, en augmentant les dépenses publiques et l’investissement immobilier. Du côté des facteurs externes, les exportations nettes ont chuté drastiquement pendant le troisième trimestre. Principalement à cause du ralentissement mondial de la demande, mais aussi à cause de la hausse des importations des énergies fossiles et du contentieux territorial opposant le Japon à la Chine qui s’est envenimé en septembre. Encore une fois, ces facteurs étaient amplement anticipés par le marché.
La faiblesse du PIB au troisième trimestre, bien que largement attendue, pourrait inciter la Banque du Japon à continuer d’assouplir ses conditions monétaires en élargissant son programme de rachat d’actifs. De même, le déflateur du PIB, inchangé de trimestre en trimestre, nous montre qu’il faut faire plus pour briser la spirale déflationniste du Japon. Il a été dit et répété que la déflation, ou plutôt son éradication, était primordiale pour l’économie japonaise et pour son marché action, et nous avons été rassérénés par le discours clairement anti-déflationniste des dirigeants japonais. Cette annonce devrait être un rappel pour les politiciens qu’il reste encore beaucoup à faire sur ce front.
Notre forte pondération sur les entreprises ayant un potentiel de flux de trésorerie élevés à long terme ainsi que des avantages concurrentiels durables fait que notre portefeuille reste positionné prudemment et est davantage exposé aux valeurs domestiques qu’aux exportateurs. Cependant, nous avons récemment augmenté notre exposition en faveur d’entreprises orientées à l’export en partie pour profiter de leur sous-évaluation mais aussi en réaction au discours de plus en plus anti-déflationniste existant au Japon.