Italie : des signaux mi-figue mi-raisin

par Sofia Tozy, Economiste au Crédit Agricole

Après une année difficile, l’indice de confiance des ménages a nettement rebondi au cours du mois de juin, passant de 105,1 à 108,6. L’appréciation du climat économique actuel et futur sont les deux sous-composantes de l’indice qui enregistrent la plus forte progression, passant respectivement de 119,8 à 127,6 et de 112,6 à 118,4. L’appréciation de la situation actuelle s’améliore modérément cependant, et les ménages continuent de rencontrer des difficultés à épargner dans le contexte actuel. De plus, ils sont plus nombreux à anticiper un ralentissement de l’inflation, ce que les données du mois de juin confirment. En effet, l’inflation italienne ralentit pour le deuxième mois consécutif, passant de +7,6% en mai à 6,4%.

La baisse du taux d’inflation reste due, en premier lieu, au ralentissement des prix des biens énergétiques non réglementés (de +20,3% à +8,4%) et, dans une moindre mesure, aux produits alimentaires transformés (de +13,2% à +11,9%) et à la décélération des prix des services liés aux transports (de +5,6% à +3,8%). L’inflation sous-jacente baisse également au cours du mois de mai, passant de +6,0% à +5,6%, tirée davantage par une décélération du prix des biens (de +9,3% à +7,6%) que par celle des services (de +4,6% à +4,3%).

Le ralentissement des prix des biens s’explique en partie par un recul des prix à la production. En mai 2023, les prix à la production industrielle ont ainsi diminué de 2,3% sur une base mensuelle et de 4,3% sur une base annuelle, principalement en raison de la baisse des coûts énergétiques. D’autres catégories de biens industriels tels que la métallurgie et les intrants chimiques connaissent également un ralentissement. En conséquence, les prix des biens intermédiaires ont baissé de 1,7% sur une base annuelle. Parallèlement, les prix des services montrent une dynamique différenciée. Alors que les prix à la production des services de transport diminuent, ceux des services aux entreprises (production de logiciels, traitement des données) progressent.

Les moindres pressions sur les prix des intrants semblent avoir peu d’impact sur la reprise de la confiance des entreprises, qui baisse légèrement en juin, passant de 108,6 à 108,3. À l’exception du secteur de la construction, qui continue de faire preuve de résilience, toutes les sous-composantes de l’indice des entreprises reculent. C’est le cas du secteur manufacturier (de 101,2 à 100,3), des services marchands (de 104,0 à 103,7) ainsi que du commerce de détail (de 111,4 à 110,5). La baisse de la confiance dans le secteur manufacturier, qui a commencé il y a deux mois, s’explique par une détérioration de toutes les sous-composantes de l’indice. Les entreprises du secteur continuent de faire face à une baisse tant de leurs commandes futures que de leurs projections de production. Les prévisions d’embauche, qui avaient bien résisté en 2022, s’inversent également depuis deux mois. Ce ralentissement de l’industrie laisse déjà des marques sur la situation financière des entreprises du secteur. En avril, le chiffre d’affaires industriel a diminué de 1,8% en valeur et de 2,4% en volume par rapport au mois précédent, pénalisé par la baisse des performances sur le marché domestique (-2,5%). Les secteurs les plus en difficulté sont notamment la métallurgie (-14,9%) et la fabrication de produits chimiques (-19,3%).

La forte progression de la confiance dans le secteur de la construction contraste avec les dernières données de production du secteur. En effet, l’indice de confiance du secteur passe de 159,4 à 162,5 en juin, grâce à une amélioration de la composante de construction de bâtiment, tandis que les travaux d’ingénierie civile et spécialisée reculent. Le secteur semble également bénéficier d’un ralentissement des coûts de production, dont le rythme de croissance passe d’une moyenne de 5% entre janvier et février à 0,3% en juin. Cependant, la production dans la construction s’est contractée de 3,8% en avril, après deux mois de stagnation, ce qui laisse un acquis négatif de 3,7% pour le deuxième trimestre.