par Philippe Waechter, Directeur de la recherché économique chez Natixis AM
La BCE a adopté comme a pu la faire la Fed une attitude et une communication telles qu’au moment de la décision aucun investisseur n’est surpris. Pour la BCE il n’y a pas eu de surprise sur le fait que le montant des achats allait être réduit. L’incertitude portait sur le montant et la durée mais dans des marges que la BCE avait indiqué dans les minutes de sa dernière réunion. L’objectif est ainsi de modifier ex ante les anticipations des investisseurs pour ne pas prendre le risque d’une surprise lors de la publication de la décision.
Finalement s’il faut chercher une surprise c’est dans le maintien des forward guidance: la BCE continuera d’acheter au-delà de septembre 2018 si le profil de l’inflation ne suit pas ce qui est souhaité par la banque centrale et le taux refi restera au niveau actuel bien après la fin des achats d’actifs (Draghi n’aura peut être pas l’occasion de remonter les taux avant la fin de son mandat en octobre 2019).
La BCE ne veut pas prendre le moindre risque ni créer le risque d’anticipations divergentes par rapport à ce qu’elle souhaite afin de garder la main. Elle conditionne les anticipations par sa forward guidance mais celle ci, si nécessaire, pourra être ajustée non pas sur la pression d’anticipations divergents des investisseurs mais parce que la BCE l’aura décidé. Le rapport de force reste en faveur de la BCE.
Ces points n’ont pas été modifié montrant que l’ajustement des achats (dont la composition n’a pas été discuté) est une mesure finalement assez banale. On notera que Draghi a botté en touche sur le fait que pour certains pays (l’Allemagne) les souches disponibles ne seront pas suffisantes au regard du programme d’achats et que cela posera un problème dans la mise en place effective de celui ci. La souplesse du système sera suffisante pour contourner cet obstacle a indiqué Draghi. En d’autres termes, la décision d’aujourd’hui est vraie aujourd’hui et on verra demain.