par Philippe Waechter, Chef économiste chez Ostrum AM
La BCE se met en face des Etats qui vont augmenter fortement leur déficit public pour lutter contre l’épidémie. Le programme réduira ainsi la fragmentation financière et pèsera à la baisse sur les taux d’Intérêt.
La BCE vient de lancer une nouvelle opération d’achat d’actifs d’un montant de 750 milliards d’euros sur la période allant jusqu’à la fin de l’année 2020 au moins. Les achats porteront sur des titres publics et privés qui sont éligibles dans le programme d’achat d’actifs (APP) mis en place par la BCE auparavant. Le poids de chaque état dans ce programme d’achat sera celui de chaque état dans le capital de la BCE mais le communiqué de presse suggère beaucoup de souplesse dans l’interprétation.
Ce programme s’appelle le Pandemic Emergency Purchase Programme (PEPP). Il est mis en place pour lutter contre l’épidémie du coronavirus. Il prendra fin au mieux à la fin de l’année si l’épidémie est stoppée.
La logique de ce programme est simple. Les Etats vont dépenser des sommes folles pour compenser les effets négatifs que l’épidémie aura sur l’activité. Il faudra dans le même temps que les taux d’intérêt restent bas pour éviter un choc financier tant sur le budget des Etats que des entreprises. La BCE se met en face des émissions nouvelles pour les neutraliser.
Une mesure de ce type était attendue rapidement surtout après la gaffe de Christine Lagarde sur la gestion des spreads. Elle avait fait un anti ”whatever it takes” puisqu’elle indiquait, lors de la conférence de presse après la réunion sur la politique monétaire de la BCE, que celle ci n’était pas prête à tout pour maintenir la cohésion de la zone euro. Ce soir, la présidente de la BCE, a corrigé le tir en indiquant que l’intervention de la BCE était sans limite dans son soutien à l’euro.
Ces mesures devraient permettre de réduire la fragmentation financière qui était apparue et s’était accentuée après la conférence de presse de la BCE la semaine dernière. C’est cela qui est important. Les gouvernements vont pouvoir mettre en œuvre leurs programmes de dépenses qui se traduiront par une hausse spectaculaire des déficits publics mais sans avoir trop à se soucier du niveau des taux d’intérêt puisque la BCE sera en face. Les taux d’intérêt vont baisser à nouveau.
Ex ante, l’impact négatif de l’épidémie sera donc contenu par les moyens de la politique économique de la zone euro sous la conduite de la BCE.