La croissance indienne : opportunités et défis

par Avinash Vazirani, Director and Fund chez Jupiter Asset Management

Bien que la croissance en Inde semble être dans une phase de ralentissement à cause d’une politique monétaire plus stricte, elle dépasse tout de même les attentes des marchés. Nous pensons que cette tendance va continuer tant que les prix des matières premières baissent, et que le pouvoir d’achat domestique croît. Une telle anomalie crée des points d’entrée attractifs pour les investisseurs à moyen et long terme.

Au premier trimestre de l’année fiscale indienne (trois mois jusqu’à juin 2011), le PIB a augmenté de 7,7%* par rapport à l’année précédente. Comparée à la même période sur l’année 2010, cette croissance est plus faible, mais légèrement supérieure aux estimations. La croissance a été poussée par les services, qui ont augmenté de 10% l’année dernière sur la même période. Ceci démontre la résistance de la demande domestique face aux augmentations des taux d’intérêt, au nombre de 11 sur la même période.

La croissance de l’agriculture a également été solide, augmentant de 3,9% depuis l’année dernière contre 2,4% sur la période de juin 2009 à juin 2010. Conformément aux attentes, la production industrielle, particulièrement dans le secteur minier, a considérablement baissé – nous sommes passés d’une croissance de 7,9% l’année dernière à tout juste 5,1% cette année. Le secteur de la construction a également chuté, passant de 8,1% l’année dernière à 1,2% cette année, principalement à cause des augmentations des taux d’intérêt ainsi que des prix des matières premières.

L’incertitude grandissante à un niveau global ainsi que la stabilisation de l’inflation ont de fortes chances de mener, à moyen terme, à une pause de la politique de resserrement monétaire actuellement menée par la Banque Centrale. Nous avons déjà observé une baisse des taux dans une autre économie émergente, le Brésil, qui avait été dans un cycle de resserrement monétaire. Les prix des matières premières à travers le monde, particulièrement le prix du pétrole, ont baissé, et nous nous attendons à ce que des économies importatrices nettes de pétrole comme l’Inde en bénéficient. Ceci dit, la hausse des prix alimentaires en Inde reste élevée. Toutefois, la récolte de printemps a été excellente en 2011 et la saison des moussons ayant été vraiment bonne, les récoltes d’automne devraient aussi être généreuses. En conséquence, il n’est pas déraisonnable de penser que la hausse des prix alimentaires ait atteint un pic et qu’elle devrait commencer à ralentir dans les mois à venir.

En même temps, les données sur le PIB montrent que les fondamentaux de l’économie sont bons. La croissance des dépenses publiques est passée de 4,9% au dernier trimestre de l’année financière de 2011 (soit les trois mois jusqu’à Mars 2011) à 2,1% au premier trimestre de l’année financière 2012. Ceci suggère que l’objectif du gouvernement de réduire le déficit à 4,6% peut être atteint, malgré certaines estimations prédisant le contraire. Par ailleurs la croissance des investissements est toujours solide à 9,6% d’un trimestre sur l’autre. Ceci, combiné à une croissance durable de la consommation domestique, indique une croissance potentielle du PIB de l’ordre de 7,5% à 8% pour l’année financière 2012. Des chiffres attractifs, notamment en comparaison du niveau actuel de la croissance des pays occidentaux.

Avec une baisse des marchés autour d’un multiple de13 fois les perspectives de profits pour l’année financière, la valeur des entreprises indiennes est plutôt attractive. Même si les profits n’augmentaient que de 15% cette année, au lieu des 20% envisagés, les multiples des price/earnings se situent dans la partie basse de leur fourchette des cinq dernières années. Nous pensons que le secteur de la consommation domestique fait partie des domaines qui vont continuer à tirer la croissance indienne. L’exposition à ce secteur a positivement contribué à la performance du fonds Jupiter India Select. Nous pensons que cela va continuer de la sorte et que les profits des entreprises dans lesquelles nous avons investi surpasseront ceux des indices de référence de manière significative.

En conclusion, l’incertitude généralisée et la chute des matières premières devraient permettre à la Banque Centrale de se rapprocher de la fin du cycle de resserrement monétaire. Bien que, du fait des taux d’intérêt plus élevés, les banques ont accordé moins de crédits, nous ne nous attendons pas à des conséquences systémiques. Les fondamentaux en Inde restent robustes et la croissance devrait remonter, tirée par une consommation croissante, lorsque que l’inflation sera en recul et le cycle de resserrement monétaire interrompu. 

NOTE

* Source : Elara Capital, 31 Août 2011