par Bastien Drut, Responsable de la Stratégie et des Etudes économiques chez CPR AM
Ce comité de la Fed a une tonalité « dovish » car les deux rapports sur l’inflation moins bons qu’attendu (janvier et février) n’ont pas conduit les membres du FOMC à abandonner le narratif de désinflation et à revenir sur les baisses de taux directeurs qui avaient été communiquées en décembre.
- Le communiqué du FOMC est quasiment inchangé et aucune décision n’a été prise : la fourchette de fed funds reste à 5,25/5,50% et la réduction du bilan continue sur le même rythme.
- Très attendues, les projections de fed funds des membres du FOMC (les dots) sont, elles aussi, quasiment inchangées. La médiane reste à 3 baisses de taux en 2024. Elle indique 3 baisses de taux en 2025 (est à une voix d’indiquer 4 baisses). Les dots entrevoient des taux directeurs proches de leur niveau de long terme vers la fin de l’année 2026.
- Les prévisions d’inflation sous-jacente (core PCE) sont quasiment inchangées (2,6% attendu en fin d’année) et les prévisions de taux de chômage continuent d’être légèrement abaissées (4% attendu en fin d’année).
- La conférence de presse a tourné autour de 2 sujets :
- La confiance dans la décrue de l’inflation. Pour les membres du FOMC et les économistes de la Fed, le CPI fort de janvier est probablement associé à des effets saisonniers. L’ensemble des rapports CPI de janvier et février n’a pas « accru la confiance dans le fait que l’inflation converge vers 2% » mais n’a pas non plus changé la donne : la confiance dans la désinflation n’a pas baissé. Le FOMC continue à afficher de la data-dépendance sur ce plan.
- La réduction du bilan. La réduction du rythme de réduction de bilan (QT) interviendra « très prochainement » (fairly soon). Powell a laissé entrevoir l’idée que les membres du FOMC préféreraient que l’actif du bilan soit essentiellement composé de titres du Trésor (et donc que les détentions de MBS convergent zéro au fil des années).
Plusieurs fois, Powell a indiqué qu’une détérioration inattendue du marché du travail pourrait provoquer des baisses de taux directeurs plus rapides mais il faut dire que le FOMC place la barre très bas pour cela en affichant une projection de taux de chômage à 4% pour la fin 2024 alors qu’il était déjà à 3,9% en février. Par ailleurs, il est remarquable que Jerome Powell continue à insister sur les fortes créations d’emplois alors qu’il existe une divergence énorme avec le nombre de personnes se disant employées (en très forte baisse selon l’enquête auprès des ménages du même rapport sur l’emploi qui indique ces créations d’emplois.
In fine, ce comité de la Fed a une tonalité « dovish » car les deux rapports sur l’inflation moins bons qu’attendu (janvier et février) n’ont pas conduit les membres du FOMC à abandonner le narratif de désinflation et à revenir sur les baisses de taux directeurs qui avaient été communiquées en décembre. Au sujet du marché du travail, pour lequel des statistiques contradictoires sont apparues, le FOMC choisit pour le moment de ne voir que le verre à moitié plein…mais on peut désormais se demander sa réaction si le taux de chômage (actuellement à 3,9%) dépassait la prévision de fin d’année 2024 (4%) dans les prochains mois.