par William de Vijlder, Chef économiste chez BNP Paribas
Le message est dans les détails. Les Perspectives de l’économie mondiale publiées cet après-midi s’intitulent « Ralentissement mondialisé du secteur manufacturier, montée des barrières commerciales » mais le titre du blog de la cheffe économiste du FMI est plus percutant et révélateur : « Ralentissement synchronisé, perspectives précaires ».
Le FMI table désormais sur une croissance de l’économie mondiale de 3,0% cette année et 3,4% l’année prochaine. Malgré cette accélération, on n’atteindrait pas les 3,6% de 2018. En outre, 70% de ce regain de dynamisme proviendrait d’un nombre limité de pays émergents ou en développement qui sont actuellement confrontés à des tensions sévères ou affichent des performances inférieures aux moyennes historiques. Comme le dit subtilement le FMI, « compte tenu du ralentissement prévu en Chine et aux Etats-Unis, et des risques de dégradation considérables, il est tout à fait envisageable que l’activité mondiale adopte un rythme bien plus modeste ». Notons d’ailleurs que ces prévisions reposent sur un scénario de Brexit ‘soft’. Dans l’évaluation des risques, des estimations du Fonds montrent que le risque d’une croissance mondiale inférieure à 2,5% est monté à 9%.
Vu « les perspectives précaires et les risques baissiers importants » et la politique monétaire (très) accommodante, le FMI insiste logiquement sur le rôle de la politique budgétaire pour stimuler la croissance en cas de retournement cyclique. A ce propos plusieurs points retiennent l’attention. Dans des pays où la demande est faible et où une consolidation est nécessaire, celle-ci peut être ralentie, si les conditions de marché le permettent, afin d’éviter un période prolongée de faible croissance et de désinflation. Le deuxième point est particulièrement important : dès à présent, il est nécessaire de préparer une réponse budgétaire afin d’être prêt en cas d’urgence à prendre des mesures d’assouplissement budgétaire. Le troisième point concerne la zone euro : « une réponse budgétaire synchronisée, différenciée selon les pays, peut augmenter l’impact pour la zone euro dans son ensemble ». On est frappé par le ton neutre de ces propos, sachant qu’avec des taux d’intérêt négatifs, la politique budgétaire devra jouer un rôle crucial en cas de récession.