par Cyrille Geneslay, Gérant allocataire chez CPR AM
Au travers de son « carpe diem », Horace nous invite à savourer le moment présent dans l’idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaitre. Mais lorsque c’est le présent qui nous dépasse, il s’ouvre sur un futur insondable et la tentation de recourir aux arts divinatoires pour le maîtriser devient forte.
Parmi les techniques de divination plus ou moins sérieuses, il en est une particulièrement originale, très en vogue aux États-Unis au siècle dernier : le « Groundhog Day ». Elle se basait sur l’étude du comportement hibernatoire d’une marmotte au sortir de son terrier le jour de la chandeleur. Si le temps était nuageux, l’hiver prendrait fin rapidement, à l’inverse, si c’est le soleil qui accueillait le rongeur, la saison hivernale devait se prolonger de 6 semaines. Sans être aussi farfelus qu’un jour de la marmotte, certains investisseurs égarés aiment à se rattacher à des adages plus ou moins pertinents.
Ainsi, il n’est pas rare que revienne, chaque année à la fin avril le fameux dicton « sell in May and go away ». La robustesse statistique de ce dicton, qui fonctionne un peu plus d’une fois sur deux, nous rappelle que la finance, en dépit d’une mathématisation à l’extrême, n’est pas une science exacte. Nous restons plus que dépendants de la psychologie des investisseurs, cette « science » humaine instable et dérangeante, perméable à tous les aléas, qu’il s’agisse du prix du baril, qui apparait, pour un même prix, tantôt trop fort, tantôt trop faible ou encore de l’analyse mot à mot des discours des banques centrales.
Dans notre approche en multiscénarios, si nous ne retenons jamais « l’ombre à la sortie du terrier de la marmotte » comme critère déterminant d’un scénario à part entière, il arrive parfois que nos scénarios n’aient pas de cause exogène spécifique. Ainsi notre scénario alternatif de retour des tensions obligataires ne trouve pas sa source dans un évènement micro ou macroéconomique bien défini, mais il se réfère à une remontée technique des taux ainsi qu’à ses conséquences, négatives mais limitées, sur les autres classes d’actifs. Notre scénario central ne change pas, il anticipe toujours une stabilisation de la croissance autours de 3% permettant aux différents marchés actions de reprendre de la couleur. Enfin le scénario de brexit (Britain exit) voit sa probabilité progresser au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la date fatidique (ou pas) avec des conséquences particulièrement compliquées pour l’Europe.
En conséquence nous maintenons notre curseur actions à la neutralité (100) et rabaissons, une fois encore notre curseur obligataire à 90%.