par François Jubin, Président de WiseAM
Parmi les marchés actions, les valeurs américaines de croissance liées au numérique affichent des performances boursières de très loin supérieures à celles des marchés traditionnels. Sur les 10 dernières années, le Nasdaq 100 (en monnaie locale) a plus que triplé de valeur là où les actions européennes (Stoxx 600) affichent une progression limitée à 40%.
Cet écart de performance est justifié (en partie) par celui des performances économiques. Les ventes réalisées par ces valeurs ont fortement progressé et la rentabilité s’est améliorée. Fort de l’observation de ce résultat au long cours, les investisseurs ont pris en compte ce statut économique particulier et ont accepté de payer une prime pour détenir ces actifs. Le Nasdaq 100 se paie 26 fois les résultats publiés là où les actions monde (MSCI World) se paient 21 fois.
Les investisseurs considèrent que des valeurs comme Apple, Facebook, Google, Amazon et Microsoft sont mieux armées que les valeurs traditionnelles pour continuer à croitre. Leur services et produits apparaissent comme incontournables. Lors de la dernière phase de remonté de l’aversion au risque en 2015, le Nasdaq 100 a mieux résisté et a progressé tout autant dans la phase de remonté de 2016 pour au final dépasser les marchés traditionnels (seules les actions émergentes ont fait mieux).
Reste deux grandes interrogations. D’une part, l’extraordinaire croissance des résultats tient pour beaucoup à des niveaux de marge inégalés et qui se sont encore renforcés sur les derniers exercices (13% pour le Nasdaq 100 contre 6.5% pour l’Eurostoxx 50). Sur les 5 ans à venir, ces sociétés arriveront-elles à maintenir ces niveaux de profitabilité? D’autre part, la prime payée par les investisseurs intègre déjà des fondamentaux plus solides. Ces sociétés parviendront-elles à maintenir leur rythme de croissance? A moyen terme, elles seront sans doute plus matures et leur vente pourrait à l’avenir progresser à un moindre rythme.