par Patrice Gautry, Chef économiste de l’UBP
Au regard des nouvelles dispositions sanitaires engagées par les pays européens, la visibilité s’est encore réduite quant aux perspectives économiques. Les scenarii macroéconomiques possibles pour la zone euro, après les annonces gouvernementales des derniers jours.
Avec la recrudescence des cas d’infection au COVID, du nombre d’hospitalisations et des pressions sur le secteur de la santé, les gouvernements européens ont opté pour une nouvelle phase de confinement. Leurs stratégies vont du confinement total à un confinement sectoriel ou régionalisé, voire à des couvre-feux, selon les pays.
Quel que soit le degré de sévérité de ces mesures, l’Europe fait face à de nouveaux risques baissiers pour l’économie et la croissance du PIB au 4ème trimestre pourrait faire l’objet de plusieurs scenarii en fonction de la rigueur et de la durée du confinement. Quoi qu’il en soit, il faut en conséquence réviser à la baisse les prévisions de croissance pour le T4.
La France vient d’adopter un confinement quasi-total : les secteurs du commerce de détail et du tourisme seront confrontés à une fermeture totale pour une durée d’au moins un mois, tandis que l’activité de transport sera limitée et les autres activités de production maintenues, avec une préférence donnée au télétravail autant que possible. Les restrictions sur les voyages sont également appliquées à nouveau. En conséquence, le PIB national devrait se contracter entre -1 et -2% au T4, par rapport au T3, en fonction de la durée de ces mesures sanitaires. Le gouvernement maintient les indemnités pour les entreprises et ses mesures de soutien à l’emploi (ces dispositions nécessiteront le déblocage par l’Etat de 10 à 20 milliards d’euros supplémentaires).
L’Allemagne a opté pour un confinement « léger » : un mois de confinement pour les secteurs de l’hébergement et de l’hôtellerie, et davantage de restrictions sur les réunions et rassemblements privés et publics Le gouvernement devrait soutenir les secteurs concernés et l’emploi (avec 8 à 10 milliards d’euros de coûts publics). Si les « Länder » et gouvernements locaux appliquent rigoureusement ces mesures, l’impact économique devrait être négatif au T4, avec une croissance potentielle du PIB national qui avoisinerait -0,5 à +0,5%, par rapport au T3.
Des restrictions plus fortes sont attendues en Belgique et en Espagne. Des mesures plus fortes ont déjà été adoptées en Italie et aux Pays-Bas, mais de nouvelles dispositions pourraient être engagées la semaine prochaine.
Les mesures sont généralement appliquées pour 1 mois et renouvelables toutes les 2 semaines, en fonction du rythme de contagion et de la pression éprouvée par le système hospitalier.
Les gouvernements européens devraient adopter une stratégie plus prudente lors de leurs prises de décision quant à la fin des confinements : davantage de traçabilité et de tests seront mis en œuvre, en fonction desquels une reprise graduelle de l’activité pourrait avoir lieu. Un plus faible rebond de l’activité devrait suivre ces mesures (par exemple au T1 2020), en comparaison à celui observé entre juin et août après le premier confinement total.