par Vincent Canel, Directeur de la gestion sous mandat OPCVM chez Vega IM
Juste derrière les matières premières, la dette des pays émergents est la classe d’actif la plus performante depuis le début 2016, et ce malgré un départ difficile comme tous les actifs risqués. Après leur désengagement massif l’année dernière, le retour des investisseurs a porté les performances de la dette locale à 14 % (pour moitié grâce à l’appréciation des devises) et de 7 % pour la dette contractée à l’étranger. Ainsi, l’Argentine a largement profité de cette conjoncture, en revenant sur les marchés pour la première fois depuis son défaut en 2001. Sa dernière levée de fonds (plus de 16 milliards de dollars à échéance 10 ans) a suscité l’appétit de nombreux investisseurs.
Plus généralement, plusieurs critères concourent à la poursuite de cette embellie sur le marché des dettes émergentes et à l’afflux de capitaux internationaux :
- la prudence avec laquelle la Réserve fédérale américaine met en oeuvre la normalisation de sa politique monétaire,
- le rebond des matières premières,
- la baisse du dollar,
- la correction de l’excès de pessimisme sur le ralentissement économique chinois.
A court terme, notre scénario de croissance mondiale faible reste favorable à ce segment du marché obligataire. Mais à moyen terme, les marchés émergents devront faire face à des défis structurels grandissants, poursuivant leur transition vers de nouveaux modèles économiques. Ainsi, en Chine, le soutien à la consommation et aux projets d’infrastructure ne doivent pas faire oublier les inquiétudes liées aux surcapacités productives et aux excès de dette.
Comme pour les actions, investir dans les obligations émergentes impose d’être particulièrement discriminant, sur leur sensibilité au risque de ralentissement économique, aux matières premières, aux devises…Dans un contexte si incertain, nous privilégions plus encore la qualité des émetteurs.