par Jean-Louis Martin et Riadh El-Hafdhi, économistes au Crédit Agricole
- Arabie saoudite : des réserves suffisantes pour faire face à la croissance des dépenses publiques.
- Iran : la chute des cours et une dépense publique non maîtrisée épuise les réserves du pays.
- Venezuela : moins cigale qu'on ne l'imagine.
Suite à la décision de l’OPEP de réduire de 2,2 Mbj sa production pétrolière, l’Arabie saoudite devrait limiter sa production à 8,5 Mb/j en 2009. A ce niveau, il faudrait que le prix moyen du baril soit supérieur à 75 USD pour que le pays puisse équilibrer son budget tout en faisant croître ses dépenses publiques de 20 % comme le souhaite le gouvernement. Mais si les prix du pétrole se stabilisaient durablement en dessous de ce niveau, sans que les dépenses publiques ne soient freinées, il deviendrait nécessaire de puiser dans les réserves du pays. Quelles que soient les hypothèses retenues, ces réserves paraissent néanmoins suffisantes (500 Mds USD) pour combler un déficit budgétaire qui atteindrait 26 Mds USD sous l’hypothèse d’un baril à 65 USD et 100 Mds USD pour un baril à 30 USD, soit respectivement 5 % et 20 % des réserves. La stabilisation des cours reste toutefois nécessaire pour rétablir la confiance et confirmer l’ampleur de la relance budgétaire voulue par Riyad et du montant des réserves mobilisées.
La situation économique iranienne se détériore à grande vitesse alors que les prix du pétrole s’effondrent. Selon les estimations du FMI, le budget iranien ne s’équilibrera en 2008/2009 qu’à un prix du baril supérieur à 95 USD. La chute des cours amputerait donc les revenus pétroliers de près de 55 Mds USD, provoquant un déficit budgétaire proche de 30 Mds USD (10 % du PIB). Pour 2009/10, le gouvernement pourrait devoir choisir entre i) continuer à ponctionner le fonds de stabilisation pétrolier (dont les réserves atteindraient moins de 80 Mds USD alors que 150 Mds USD auraient dû y être versés depuis 2000/2001), ou ii) augmenter les taxes et/ou réduire les subventions à l’économie (100 Mds USD/an). Les élections présidentielles étant prévues en juin 2009, il est néanmoins peut probable que le président Ahmadinejad s’engage sur la voie d’une réduction significative des dépenses publiques.
Venezuela : « Si vous avez une baisse de revenus, vous devez couper les dépenses ». Fortes paroles récentes du ministre des Finances vénézuélien Ali Rodríguez. En fait, le Venezuela a déjà commencé. La forte hausse des dépenses publiques vénézuéliennes, qui les a portées de 20 % à 30 % du PIB entre 2000 et 2006, est déjà du passé. Les exercices 2007 et 2008 ont déjà marqué un retour sinon à l'orthodoxie, du moins à une certaine prudence, malgré la forte hausse du cours du pétrole (certes, de nombreuses dépenses sont extra-budgétaires). La balance des paiements du troisième trimestre confirme le ralentissement de l'économie (et donc des dépenses publiques, qui en restent le moteur), avec une progression modéré des importations. Mais le ministre anticipe sans doute le retournement attendu des finances publiques (proches de l'équilibre en 2008) en 2009, le pétrole représentant cette année 55% des recettes.