par Francisco Garcia Paramés, Fondateur et directeur de la gestion de Cobas Asset Management
L’investissement en actions « value » nécessite sélectivité et patience. Il impose également d’avoir une vision de très long terme. Privilégier des titres décotés et sous-valorisés offre des opportunités de rendement plus élevés sur les marchés. L’investisseur « value » doit toutefois savoir nager à contre-courant du marché et avoir des positions contrariantes.
Depuis plusieurs années, investir sur les marchés financiers s’avère particulièrement complexe. Les années 90 ont en effet marqué la fin d’une période de 20 ans d’euphorie sur les marchés à travers le monde. A partir de 1998-2000, avec l’éclatement de la bulle télécoms et internet, les marchés financiers sont clairement entrés dans une nouvelle ère. Aux yeux de certains grands investisseurs, tel Warren Buffett, les 20 dernières années apparaissent même comme les 20 plus mauvaises années de l’histoire des marchés financiers !
Pourtant, il n’y a jamais eu autant d’actifs ou de classes d’actifs dans lesquels investir à travers le monde. De l’immobilier aux actions en passant par les infrastructures ou la dette privée, des marchés développés aux marchés émergents, les opportunités d’investissement ne manquent pas. Pour un investisseur, il n’est pourtant pas toujours simple de s’y retrouver.
Détenir ses actifs, ne pas être créancier
Deux grands types d’investissement doivent toutefois être distingués : les actifs réels d’une part et, de l’autre, le « papier » comme les obligations et les prêts. Investir dans du « papier » transforme l’investisseur en créancier. Et cette créance peut receler des risques plus élevés qu’anticipés. Le « papier » offre en effet une simple promesse de paiement dont la valeur peut s’envoler aussi rapidement qu’un simple coup de vent. Tout investisseur serait alors plus avisé d’investir dans des actifs réels qu’il détient en propre. Sur le long terme, détenir un actif s’avère en effet une option plus rémunératrice, génératrice d’une performance durable et pérenne pour son patrimoine.
Encore faut-il être en mesure de choisir le bon actif réel. L’immobilier, l’or ou encore le pétrole peuvent certes constituer de bons placements. Mais ces actifs restent avant tout des matières premières, des commodités qui se ressemblent et qui n’évoluent pas dans le temps. Sur une longue période, s’orienter vers les actions cotées constitue donc une meilleure opportunité d’investissement. Son évolution est facile à comprendre et à appréhender sur le long terme. Il est toutefois impératif d’investir dans une entreprise dont on connaît l’histoire, le management, et dont on comprend à la fois les activités et le modèle économique. Tout investisseur doit en effet se sentir confortable et en confiance avec l’actif dans lequel il place son épargne.
Savoir être contrariant
Si la gestion passive ou la gestion indicielle peut constituer une solide alternative pour l’investisseur ne maîtrisant pas totalement les marchés actions, la gestion active demeure toutefois la meilleure option pour tirer profit de toutes les opportunités offertes par les marchés boursiers. Face à l’hétérogénéité des valeurs cotées, en termes de capitalisation boursière ou de profil de risque, la gestion active offre en effet une capacité de sélection et d’analyse des valeurs sur le très long terme que ne permet pas la gestion indicielle. Choisir les bonnes valeurs constitue d’ailleurs le principal défi pour tout investisseur. Deux critères semblent pourtant primordiaux à l’heure du choix : le prix et la valorisation (« value »). Investir dans des titres « value » – à savoir des actions de sociétés décotées ou sous-valorisées par le marché – constitue la stratégie la plus pertinente. Tout l’enjeu pour l’investisseur est de comprendre les raisons de cette sous-valorisation et de saisir le moment opportun pour investir dans ces titres. A cet égard, la patience est une vertu primordiale à laquelle tout investisseur doit s’astreindre. Il faut en effet être capable d’attendre le temps nécessaire avant de s’exposer à une valeur pour bénéficier, par la suite, de tout son potentiel de croissance et de performance.
A ce titre, il est crucial de rester à l’écart des bruits de marché et de ne pas avoir de comportement moutonnier consistant à investir en même temps que la foule. Tant qu’une entreprise créée de la valeur chaque année et améliore ses résultats, peu importe finalement que le marché ne s’intéresse pas à une telle valeur ! L’investissement « value » exige en effet de savoir nager à contre-courant, d’aller à rebours d’un cycle ou d’une tendance. L’investisseur doit apprendre à combattre ce que la foule et les bruits de marché peuvent lui recommander de faire. Il est donc indispensable d’emprunter les sentiers les moins fréquentés et d’acheter des valeurs que personne d’autre n’achète.
Savoir être sélectif
Afin de trouver les bonnes idées d’investissement, adopter un solide processus d’investissement est un impératif. Savoir être sélectif constitue donc un atout non négligeable pour réussir à générer de la performance. Il est ainsi impératif de savoir rester à l’écart de certains secteurs d’activités ou de certaines entreprises, même s’ils sont très prisés par le plus grand nombre. Privilégiez les entreprises pour lesquelles vous avez une visibilité sur un horizon de 10 ou 15 ans et, àl’inverse, évitez celles dont les modèles économiques peuvent changer rapidement et radicalement du fait d’évolutions réglementaires ou de l’émergence d’une concurrence nouvelle. La performance d’une valeur réside dans la résilience et la prévisibilité des activités de l’entreprise dans le temps. Pour un investissement réussir, il est impératif de ne jamais perdre de vue cet objectif de long terme.