par Glen Finegan, Directeur de la gestion actions pays émergents chez Henderson Global Investors
Les actions de nombreuses banques des pays émergents ont enregistré une performance relativement médiocre en 2015. Le fort niveau d'endettement des banques associé au risque accru de créances douteuses en période de stress économique en fait un secteur difficile pour les investisseurs qui préfèrent dormir sur leurs deux oreilles.
Bon nombre de gouvernements des pays émergents considèrent le secteur bancaire comme une fonction stratégique et veulent participer à ses activités. Les gouvernements ne sont pas, selon nous, de bons banquiers car leurs banques tendent à être extrêmement bureaucratiques et sont bien souvent des outils politiques forcés de soutenir des secteurs stratégiques, et pas forcément productifs, de l’économie. Les banques publiques sont également fréquemment impliquées dans des scandales de corruption politique. L’histoire a montré que lorsque les hommes politiques participent aux activités de crédit cela se termine généralement mal.
À l’inverse, les fonds propres des banques privées reposent bien souvent sur le patrimoine des clients, ce qui signifie qu’elles sont plus susceptibles de prêter des liquidités aux clients qui, d’après elles, les rembourseront et essayent de valoriser le risque de façon raisonnable. Les propriétaires privés sont également enclins à embaucher des gérants professionnels efficaces et à mettre en place des incitations axées sur des rendements ajustés au risque plutôt que sur des concepts dangereux tels que des objectifs de croissance des prêts ou des parts de marché. Les meilleurs clients préfèrent également, bien souvent, traiter avec des banquiers du secteur privé, partageant les mêmes points de vue, plutôt qu’avec des bureaucrates.
Des opportunités en Inde, en Egypte et en République Tchèque
Selon la CLSA, la société asiatique de recherche en investissements, les banques contrôlées par l’État en Inde régissaient quasiment, sur une période d’un an à fin mars 2015, les trois quarts des actifs bancaires du pays. Le quart restant était partagé entre des banques privées locales et des acteurs étrangers. Nous sommes convaincus que les banques privées les mieux gérées continueront de prendre des parts de marché à leurs homologues contrôlés par l’État et, qu’à un moment donné, ce ratio s’inversera. La société de crédits hypothécaires indienne HDFC affiche une surcote importante par rapport à la plus importante banque contrôlée par l’État, State Bank of India (SBI), mais l’écart de performance est flagrant. Au cours des dix dernières années, HDFC a augmenté sa valeur comptable par action et son dividende quasiment deux fois plus vite que SBI. Malgré cela, le ratio entre les prêts hypothécaires et le produit intérieur brut reste faible en Inde, ce qui laisse la porte ouverte à la poursuite de la croissance. HDFC est l’une des dix positions stratégiques de notre portefeuille.
La baisse du cours du pétrole est une source d’inquiétudes pour certaines filières du secteur financier. Celle-ci pourrait, par exemple, conduire les mécènes de l’Egypte basés dans la région du Golfe à réduire leur soutien financier. En dépit de ces inquiétudes, de nombreuses banques égyptiennes continuent de faire partie de celles les mieux gérées de notre univers d’investissement. La Commercial International Bank, cotée au Caire, dispose d’excellents antécédents en matière de gestion des risques et son potentiel de croissance des actifs, très faibles au départ, reste élevé. Au cours du mois de novembre 2015, nous avons déterminé que la valorisation de son titre était devenue suffisamment attractive et nous avons initié une position.
Nous avons également, au cours du quatrième trimestre, initié une position sur la société tchèque Komercni Banca. Cette banque est bien gérée et dispose d’une solide assise financière, d’un rendement sur dividende élevé et d’un ratio prêts/dépôts faible. Ses excellents résultats montrent qu’elle a su adopter une approche prudente et elle est désormais bien placée pour tirer profit d’une reprise des investissements dans le pays.
Bien que nous adoptions une approche “bottom-up” plutôt que de nous concentrer sur un secteur particulier, nous devons admettre que le secteur bancaire offre, à l’heure actuelle, de bonnes opportunités. Il est toutefois important, lors de l’évaluation de ces opportunités, de mettre l’accent sur la qualité et d’investir sur le long terme.