par Alexandre Baradez, Responsable Analyses Marchés chez IG France
Le Nasdaq 100 est incontestablement l’indice des superlatifs. Sa progression sur la dernière décennie est stupéfiante et la puissance du rebond après la phase aigue de stress de mars l’est tout autant. Retour sur le sommet à court terme… ou retour sur terre après les résultats trimestriels ?
Le Nasdaq 100 c’est 850% de hausse entre le creux de la crise des subprimes et le sommet de 2020. C’est-à-dire plus du double de la performance du SP500 sur la même période (410%) ! Donc on pourrait se dire que la correction liée au Covid-19 a été particulièrement sévère. Et bien non : Le Nasdaq 100 a connu la plus faible correction des 3 indices majeurs américains : 30% de baisse par rapport au sommet contre 35% pour le SP500 et 38% pour le Dow Jones.
Et ce n’est pas fini : la puissance du rebond depuis le point bas de mars est remarquable. Le Nasdaq100 a déjà récupéré 65% de toute la baisse ! Contre 54% pour le SP500 et tout juste 50% pour le Dow Jones.
Autre fait remarquable, presque effrayant : lors de la phase de stress fin 2018 liée aux tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, il avait fallu 17 jours à l’indice, début 2019, pour récupérer la moitié de sa baisse contre seulement…12 jours cette fois-ci alors que l’économie mondiale connaît son plus grave choc économique d’après-guerre.
On sait que contrairement aux crises précédentes, celles de la bulle internet ou des subprimes, ou même celle de la dette en zone euro, les états et les banques centrales ont cette fois-ci agi avec une réactivité jamais observée jusqu’à présent. Ce qui explique en partie la vitesse du rebond…mais il n’empêche que les valeurs tech connaissent un rallye encore plus important dans cette phase de reprise commune.
Et il ne s’agit pas seulement de la thématique « tech ». Si on compare le Nasdaq 100 et l’indice EuroStoxx600 Technology, l’écart de performance est très significatif depuis le début de l’année. Le Nasdaq 100 est revenu à l’équilibre ces derniers jours alors que l’indice européen évolue toujours en performance négative de 12%.
C’est donc qu’il y a un appétit particulièrement féroce pour les techs américaines dans cette phase de reprise. Et si on creuse encore, on se rend compte d’une surperformance remarquable de l’indice FANG Index par rapport au Nasdaq100. Le FANG Index inclut Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Alphabet ainsi que 5 autres valeurs : Alibaba, Baidu, NVIDIA, Tesla et Twitter.
Le FANG Index s’affiche en hausse de 20% depuis le début de l’année (!) alors que le Nasdaq100 est tout juste à l’équilibre, ce qui en soi est déjà une performance dans le contexte actuel.
Evidemment que les valeurs « stay at home » ont été privilégiées par les investisseurs dans cette période de confinement mais on doit légitimement se poser la question d’un tel appétit, même pour ces valeurs, alors que la volatilité sur les marchés mondiaux reste élevée.
Le Nasdaq 100 se paie encore 27 fois les bénéfices, ce qui n’est plus très loin des niveaux de valorisation atteints avant le début de la crise. Contre 20 fois les bénéfices pour le SP500 et 17 fois pour le Dow Jones ou encore 15 fois pour l’indice allemand DAX…
Et ces valeurs star du FANG Index se paient cher : 100 fois les bénéfices pour Amazon, 110 fois les bénéfices pour Netflix ou encore 62 fois pour Nvidia. Ce qui signifie que même si ces valeurs sont logiquement privilégiées dans cette phase de crise (surtout Amazon et Netflix ou encore Facebook), il va falloir qu’elles délivrent au niveau des résultats dans quelques jours et notamment au niveau de leurs projections pour les mois à venir.
La chute mondiale de la consommation, l’incertitude sur les budget des annonceurs et une concurrence forte dans les offres de streaming vidéo et de cloud pourraient tout de même impacter ces monstres de capitalisation boursière.