par Patrice Gensse, gérant actions chez Dexia Asset Management
Le secteur des loisirs a dans l’ensemble connu une année boursière 2012 meilleure que la moyenne du marché (surperformance deux fois supérieure). Cependant, les performances par sous-secteurs ont été très divergentes. Les sociétés du secteur ayant un béta élevé ont surperformé les sociétés plus défensives. Les tours opérateurs ont fortement rebondi après une année 2011 extrêmement difficile pour eux (cours divisé par 10 pour Thomas Cook) alors que la restauration collective (Sodexo et Compass) a seulement fait légèrement mieux que les indices boursiers.
La tendance de l’année 2013 devrait rester difficile compte tenu de l’environnement économique dégradé en Europe. Du fait de ce contexte et de l’exposition à l’Europe de la majeure partie des sociétés cotées, nous privilégions les histoires spécifiques de société plutôt que seulement jouer les tendances de marché. Les deux sociétés que nous conseillons pour 2013 sont par ordre de préférence, Accor pour son histoire de changement du business model et Sodexo pour sa restructuration et son amélioration de marge. Accor est en train de mettre en œuvre une stratégie « d’asset light », c’est à dire des ventes d’actifs et du développement de la gestion par franchise. En conséquence, la marge devrait doubler et la rentabilité augmenter de plus de 40% d’ici 2016. Accor applique la même recette qu’Intercontinental a utilisée avec succès quelques années plus tôt.
En ce qui concerne Sodexo, nous apprécions le changement de discours du management qui souhaite combler la différence de marge avec son principal concurrent, Compass. La perspective d’amélioration de marge de 5.3% à 6.3% d’ici 2015, conjugué à une croissance de revenu forte et structurelle, permettra une croissance des bénéfices à deux chiffres pour les trois prochaines années.
Même si la restructuration de Thomas Cook pourrait apparaître « boursièrement » attractive à court terme, cet investissement nous paraît très aléatoire, d’autant plus que nous considérons les tours opérateurs comme une industrie en déclin structurel. Le « package Holiday » est en fort ralentissement suite au phénomène de désintermédiation des voyages achetés sur Internet, mais également du fait du fort développement des compagnies aériennes low cost en Europe. Il devient aujourd’hui très simple au commun des mortels de préparer son voyage seul. Aux Etats Unis, déjà près de 60% des voyages sont achetés sur internet (cf. graphique) au détriment des agences de voyages dans la rue.
De plus, une nouvelle menace apparaît depuis qu’un géant du web s’intéresse et investit dans le marché des loisirs et des voyages. L’arrivée de Google devient une menace pour les acteurs online comme Expedia ou Booking, considérés déjà comme les prédateurs des « Bricks & Mortars » que sont Thomas Cook, TUI Travel et Kuoni. Le géant des moteurs de recherche pénètre progressivement le marché en faisant quelques acquisitions et en développant différents produits comme Google flight search, Google Hotel Finder, etc.
Dans le cas d’une recherche d’investissement sûr, bénéficiant de la tendance du marché de l’hôtellerie et ayant une très bonne exposition géographique dans le contexte actuel, c’est à dire les Etats Unis et l’Asie, il est conseillé de privilégier InterContinental.
Une autre valeur qui pourrait surprendre en 2013 serait Carnival, le leader mondial des croisières, qui va bénéficier cette année d’une des années les plus faibles en termes de nouvelle capacité arrivant sur le marché. Ce déficit d’offres en 2013 et 2014 devrait être positif pour l’appréciation des prix des billets et donc des marges de Carnival.