par Bei Xu, économiste chez Natixis
Un scénario de hard-landing semble de plus en plus adopté par les économistes, mais nous défendons toujours notre point de vue selon lequel l’économie chinoise est certainement en train de ralentir, mais en douceur.
L’investissement demeurera le principal moteur de la croissance avec la mise en place des projets du 12ème plan quinquennal couvrant 2011-2015. De plus, même si l’investissement résidentiel commercial ralentira sûrement avec les restrictions d’investissement immobilier dans une trentaine de villes chinoises, l’investissement immobilier total ne devrait pas montrer de signe de ralentissement important en raison de la construction de logements sociaux1.
Nous devrions aussi observer une légère tendance à l’amélioration de la consommation des ménages pour les raisons suivantes : 1/ la hausse de l’inflation jusqu’en septembre 2011 a pénalisé le pouvoir d’achat des ménages, une moindre tension inflationniste grâce à un effet de base favorable et à une progression plus modérée du prix des matières premières internationales permettra une amélioration du pouvoir d’achat sachant que les revenus devront continuer à progresser relativement rapidement. 2/ La baisse de l’impôt sur le revenu appliquée aux ménages à faible et moyen revenu à partir de septembre 2011 aura pour effet immédiat une hausse du revenu disponible car l’impôt sur le revenu est prélevé à la source en Chine. En plus, le ministère du commerce a annoncé hier qu’il y aurait à partir de l’année prochaine un mois consacré à la promotion de la consommation des ménages. La consommation va devoir enfin jouer un rôle un peu plus important dans la croissance chinoise à partir de 2012 (même si le déséquilibre entre l’investissement et la consommation prendra du temps à se corriger).
Parmi les différentes composantes de la demande, le seul point négatif est celui du commerce extérieur. C’est aussi pour cela que nous sommes amenés à réviser à la baisse notre prévision de croissance de la Chine en 2012 de 9,2% à 8,7%. Les exportations ralentiront en raison des mauvaises perspectives de la croissance mondiale alors que les importations progresseront plus rapidement puisque la demande domestique en Chine sera nettement plus dynamique.
Il existe certes un certain nombre de problèmes comme l’endettement des gouvernements locaux, la santé du système bancaire, les prix immobiliers élevés et la difficulté de financement des PME. Cependant, beaucoup d’entre eux ne sont pas des facteurs de risque imminent. Autrement dit, leurs impacts sont marginaux sur le PIB à court terme. Le ratio de dette publique relativement faible en Chine montre qu’il n’y a pas de problème d’excès d’endettement du secteur public pris globalement2. Dans une économie où la croissance nominale est supérieure à 15% par an, il n’y a pas non plus de soutenabilité intertemporelle d’endettement.
Le ratio des prêts non performants est aujourd’hui à un niveau historiquement bas (1% en juin 2011). Même si ce ratio est appelé à augmenter dans les années à venir, nous ne pensons pas qu’un risque majeur pèserait sur la santé ainsi que la capacité de financement des banques chinoises qui sont quasiment toutes des SOEs (State Owned Enterprises).
Les prix immobiliers élevés font l’objet d’une série de mesures restrictives des autorités chinoises. La baisse des prix ne devra pas tarder à se matérialiser, cependant le déclin du marché commercial sera en grande partie compensé par les projets importants de logements sociaux qui non seulement maintiendront une certaine dynamique de l’investissement immobilier total, mais aussi contribueront positivement à relancer la consommation des ménages à faible et moyen revenu bénéficiant de ces logements sociaux.
En revanche, la difficulté de financement des PME risque d’être un problème beaucoup plus inquiétant que les trois points précédents. Pour l’instant, compte tenu de leur sous-représentation dans les chiffres de comptabilité nationale, le problème est relativement peu visible. Nous suivrons de près les mesures d’urgence que les autorités chinoises ont mises en place depuis quelques semaines afin d’évaluer leurs impacts sur la croissance chinoise de moyen et long terme.
NOTES
- 10 millions de logements doivent être mis en chantier en 2011 et en 2012. Nous supposons que la majorité de ces objectifs seront atteints.
- Le ratio d’endettement du gouvernement central est inférieur à 20%, l’estimation la plus élevée des dettes des gouvernements locaux est équivalente à 35% du PIB.