par Sébastien Galy, Strategiste Macro Senior chez Nordea Asset Management
La Réserve fédérale a indiqué mercredi qu'elle maintiendra des taux stables jusqu'en 2023 en actualisant son "dot plot". Elle a précisé que ses prévisions étaient de 2 % d'inflation pour un taux d'emploi maximum à long terme. La banque centrale a assuré de maintenir le statu quo pour ses taux directeurs jusqu’à ce que l’inflation dépasse « modérément » 2% et « pendant un certain temps ». Par conséquent, le débat sur les indications prospectives (ou « forward guidance ») se situe, pour l'instant, au-delà de 2023.
Au fur et à mesure que l'économie s'améliore et que nous nous dirigeons vers 2022, le débat porte sur la définition de « l’emploi maximum ». Selon la Fed, il s'agit du « plus haut niveau d'emploi ou du plus bas niveau de chômage que l'économie peut assurer tout en maintenant un taux d'inflation stable », souvent appelé NAIRU (non-accelerating inflation rate of unemployment).
Un marché de l’emploi en mutation, des tensions salariales hétérogènes
Étant donné que le dernier cycle économique a connu un marché du travail sous tension avec peu de signes d'une forte inflation, le niveau maximum d'emploi est très incertain. Il existe de nombreux travailleurs qui ne peuvent plus exercer (notamment en raison de leur âge ou de la maladie) ou qui ne peuvent pas travailler à cause de la garde des enfants extrêmement coûteuse. Tous ces facteurs nous donnent le sentiment que le taux d’emploi peut augmenter à partir de niveaux relativement faibles, mais seulement jusqu'à un certain point. Pour cela, il faut que les salaires augmentent de manière significative.
Ce qui se produira probablement, c'est une automatisation croissante à mesure que le marché du travail se resserrera, tandis que les salaires augmenteront dans les domaines de l'innovation (par exemple Google) et dans les secteurs où une automatisation plus poussée est difficile (par exemple la construction ou l'agriculture). Tout comme le cycle précédent, nous n'obtiendrons probablement pas une grande augmentation des salaires et les cuisines de McDonalds finiront par être entièrement automatisées ! C'est une bonne nouvelle pour les actions, mais catastrophique pour les travailleurs dans une économie mondiale où le marché du travail est très peu développé.
Quels enseignements pour le futur ?
Il est très probable que les taux d'intérêt resteront très bas jusqu'en 2023. C'est une bonne nouvelle pour les emprunteurs, moins bonne pour les épargnants. Néanmoins, une longue période de faibles taux d'intérêt favorise l'émergence de nouvelles technologies et de nouveaux modèles économiques et est généralement favorable aux actions. Avec le temps nous devrions assister à une accélération de la demande de technologies de rupture.