par Erling Thune, Co-gérant du fonds DNB Technology
Les États-Unis et la Chine ont pris actuellement une avance considérable en matière de développement de l’IA. Les États-Unis ont engagé des investissements importants et les géants comme Amazon, Microsoft, Google et Meta prévoient ensemble plus de 320 milliards de dollars de dépenses en capital d’ici 2025, principalement pour l’IA. En outre, des initiatives telles que le projet Stargate visent à investir jusqu’à 500 milliards de dollars US dans l’infrastructure d’IA d’ici 2029. Ces investissements massifs sont facilités par un capital-risque facilement disponible, un environnement réglementaire favorable à l’innovation et l’accès à un réservoir mondial de talents attirés par des centres technologiques comme la Silicon Valley. En outre, les États-Unis et la Chine bénéficient de coûts énergétiques relativement bas, ce qui est essentiel pour l’exploitation de centres de données d’IA à forte consommation d’énergie.
L’UE a mis en place des initiatives pour renforcer le secteur de l’IA, y compris des projets visant à allouer 50 milliards d’euros aux investissements du secteur privé. Ces initiatives passent notamment par l’utilisation des superordinateurs publics européens et le développement de « giga-usines » d’IA, ces infrastructures de données et de calcul à grande échelle conçues pour l’entraînement de modèles dans ce domaine. Ces efforts restent toutefois modestes par rapport à des initiatives telles que le projet Stargate aux États-Unis. Ce fort contraste souligne les défis que l’Europe doit relever pour suivre l’ampleur et la vitesse du développement de l’IA aux États-Unis. En revanche, les réglementations strictes mises en place dans l’UE, notamment en ce qui concerne la protection des données et le Digital Services Act, entravent l’innovation et découragent les investisseurs. La complexité du paysage réglementaire conduit souvent les entreprises à lancer des produits sur le marché mondial et à exclure le marché de l’UE en raison des défis de conformité. En outre, la crise énergétique en Europe a entraîné une augmentation des coûts d’exploitation des centres de données, ce qui les rend moins compétitifs.
Bien que les réglementations européennes visent à protéger la vie privée des utilisateurs et à garantir une utilisation éthique de l’IA, elles ont souvent des conséquences négatives, bien qu’involontaires, sur l’innovation et la compétitivité. Les lois strictes sur la protection des données et la loi sur les services numériques peuvent augmenter les coûts de mise en conformité et créer des obstacles tant pour les start-ups que pour les entreprises bien établies. Cette complexité réglementaire entraîne parfois des retards dans le lancement de produits ou des décisions d’exclure purement et simplement le marché européen. Par exemple, certains services et applications pilotés par l’IA sont disponibles dans le monde entier, mais sont tenus à l’écart du marché européen en raison d’obstacles réglementaires. Cet environnement peut décourager les investissements, car les entreprises peuvent percevoir le marché européen comme moins propice à une innovation et une croissance rapides.
Les acteurs européens de l’IA
Mais il y a encore quelques entreprises européennes exceptionnelles qui restent dans la course. ASML, par exemple, joue un rôle important dans la conception de machines de fabrication des semi-conducteurs, en pointe pour la production de puces d’IA. Un autre exemple est SAP, qui intègre l’IA dans les logiciels d’entreprise afin de faire progresser l’automatisation. En Europe, Mistral AI est la société qui a le plus de chances de jouer un rôle de premier plan dans le domaine de l’IA générative, mais il lui sera difficile de rivaliser avec les acteurs américains dotés de moyens financiers importants. Dans le secteur des semi-conducteurs, ASM International, Besi, STMicro, Infineon et Arm jouent un rôle de premier plan, notamment dans les puces à haute efficacité énergétique et l’IA pour l’industrie automobile. Si l’Europe n’est pas leader dans le domaine de l’IA, elle compte tout de même quelques acteurs importants qui font avancer l’infrastructure et le volet industriel de l’IA.