Un retour de la volatilité sur les marchés mondiaux ?

par Alexandre Baradez, Responsable de l’analyse marchés chez IG France

Malgré le nouvel accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine et les bons résultats qui s’enchaînent sur les valeurs technologiques américaines, la volatilité grimpe sur les places mondiales en ce début de semaine.

Le VIX, indice de volatilité du SP500 a fini la journée d’hier en hausse de 11%. Cette nervosité s’est également ressentie sur les indices boursiers en Europe. Alors qu’il inscrivait un nouveau record il y a quelques jours seulement, le CAC40 a refait hier une incursion sous les 8000 points. Et avec une nervosité plus importante encore sur les Futures CAC40 hier matin avant l’ouverture, avec une brève incursion sous les 7800 points. Si l’on « dézoome » un peu, cette nouvelle incursion sous les 8000 points signifie que l’indice français a remis un pied à l’intérieur du canal de consolidation dans lequel il évoluait de mai à octobre. Ce qui signifie que le CAC40, malgré un nouveau record il y a quelques jours, n’a pas réussi à capitaliser sur cette dynamique et s’est essoufflé.

A noter également que le marché obligataire reste vigilant à la situation politique et les négociations sur le budget avec un spread OAT-Bund qui avoisine toujours 80 points de base, c’est-à-dire toujours assez proche du pic touché post dissolution de l’Assemblée nationale en 2024. Formulé autrement : le marché obligataire s’était moins détendu que le CAC40 ces dernières semaines. 

L’indice voisin allemand a également connu une phase de rechute ces derniers jours et il revenu sur ses niveaux de fin septembre. Plus largement, le DAX se rapproche du bas de la zone de consolidation dans lequel il évolue depuis des mois avec le risque d’une cassure de cette zone et d’une accélération de la phase de correction.

Des mouvements de correction sont également observés depuis quelques jours sur les indices asiatiques comme le Nikkei225 pour le Japon ou l’indice des valeurs chinoises HangSeng Index.

On note que la phase de correction sur les places mondiales s’est formée en milieu de semaine dernière, notamment après la réunion de la Fed. Alors que les marchés étaient convaincus qu’une autre baisse de taux interviendrait en décembre, après celles de septembre et octobre, Jerome Powell est venu refroidir les attentes en déclarant qu’« une nouvelle baisse du taux directeur lors de la réunion de décembre n’est pas une évidence, loin de là ». Entraînant un rebond des taux américains et du dollar, vent contraire pour les actions américaines.

A noter également que les marchés observent l’évolution de la situation sur la liquidité aux Etats-Unis et notamment le coût de cette liquidité via les opérations de financement à très court-terme (« overnight »). Les taux de financement évoluaient ces derniers jours assez nettement au-dessus de la fourchette de taux de la Fed, signe potentiel de petites tensions sur cette liquidité.

Autre constat, les marchés mondiaux n’ont pas capitalisé sur l’accord entre les Etats-Unis et la Chine la semaine dernière. Pourquoi ? Peut-être considèrent-t-ils que cet accord est fragile, à l’image de celui qui s’était noué au printemps dernier après les rounds de négociations à Genève et Londres, et qui n’avait pas été respecté notamment sur les terres rares, entraînant l’épisode de colère de Donald Trump du 10 octobre.

Enfin, plusieurs bons résultats d’entreprises technologiques américaines ces derniers jours, comme Palantir ou AMD, n’ont pas provoqué de rallye supplémentaire. La raison étant probablement la très forte hausse des valeurs de ce secteur depuis le début de l’année et des niveaux de valorisation extrêmement élevés, qui intégraient déjà ces bons résultats de façon anticipée.