par Vincent Boy, Analyste marchés chez IG France
Le vote, qui aurait pu valider le nouvel accord négocié par Boris Johnson, n’a finalement pas eu lieu samedi. En effet les députés britanniques ont imposé la demande d’une extension du Brexit à l’Union Européenne par le premier ministre avant tout vote, comme le prévoit la loi adoptée en Septembre pour éviter un « no deal ».
Boris Johnson s’est ainsi plié à l’exercice en envoyant une lettre au 27 mais sans signer cette dernière et en l’accompagnant de deux autres lettres, signées cette fois-ci. Dans la première, le premier ministre indiquait son désaccord à tout report de la date du Brexit tandis que la seconde, écrite par l’ambassadeur Britannique à l’UE, confirmait que la demande de report allait à l’encontre du souhait du gouvernement et que ce dernier se contentait d’obéir à la loi.
Donald Tusk précisait qu’il allait consulter les dirigeants de l’Union européenne alors que le couple franco-allemand semblait déjà divisé sur la possibilité d’un nouveau report. Boris Johnson a ainsi annoncé aux parlementaires qu’il passerait une législation rapidement pour permettre au Royaume Uni de sortir effectivement le 31 octobre, avec ou sans accord.
Au-delà du Brexit, les investisseurs gardent un œil sur la Chine et les USA alors que l’espoir commercial semble dominer depuis la reprise de la communication positive entre ces derniers sur la possible signature d’un accord (intermédiaire) de phase 1. Ce que le président américain refusait ouvertement il y a encore quelques semaines.
Les marchés sont également soutenus, à l’image du cuivre, par les annonces du parti chinois en faveur d’une accélération des investissements dans les infrastructures dans les prochaines années. Il a d’ailleurs précisé avoir déjà validé des projets dont le montant global représente le double de ce qui a été validé un an plus tôt. L’assouplissement de la réglementation pour les investisseurs chinois qui achètent des actions directement à Hong Kong pourrait également permettre de soutenir les marchés en Asie.
Cette semaine, les investisseurs devraient davantage se concentrer sur les résultats d’entreprises avec plus d’un tiers des valeurs du CAC qui présenteront leur copie et une multitude de résultats du coté américain.
Les analystes anticipent une baisse de 2,9% des bénéfices des sociétés du S&P 500 au troisième trimestre.
En fin de semaine, ce sera au tour de la BCE de publier le taux directeur et de dépôts qui ne devraient pas être modifiés mais le dernier discours de Mario Draghi à la tête de la BCE, avant la prise de fonction de Christine Lagarde prévue le 1er novembre, sera très attendu par les investisseurs.
En effet les marchés attendront des précisions sur la mise en place du QE annoncé précédemment, qui avait déjà fait ressortir un conflit au sein de la Banque Centrale Européenne sur l’ampleur du dispositif à mettre en place pour tenter de booster l’inflation et inverser le ralentissement de la croissance en Zone Euro.
Ainsi, pour l’heure, le rachat d’actif devrait se faire au rythme de 20Mds€ par mois à partir du 1er novembre, sans limite dans le temps. Il parait important de rappeler que les rachats avaient atteint 80Mds€ par mois jusqu’en 2017 avant d’être graduellement réduits et que la fin de ce QE ne date que de janvier 2019. Par ailleurs la BCE conserve toujours un montant d’actifs de 2600Mds d’euros suite à ce dernier rachat massif.
Le désaccord qui était ressorti de cette annonce devrait à nouveau être mis en valeur suite à l’intervention de Mario Draghi et cela pourrait donner lieu à des ajustements dans les mois à venir avec l’arrivée de Christine Lagarde, qui sera donc en charge de présider le prochain conseil des gouverneurs et la prochaine décision de politique monétaire de la BCE qui interviendra le 12 novembre prochain.