par Alexandra Estiot, économiste chez BNP Paribas
L'année 2011 s'est terminée sur une note très positive, la Chambre des Représentants ayant voté la proposition de loi du Sénat qui prolonge (de deux mois) le taux réduit des cotisations sociales et reconduit le rallongement des indemnités de chômage. Si ce vote ne remet certainement pas en cause la rigueur budgétaire pour l’ensemble de l’année, il laisse néanmoins au Congrès deux mois supplémentaires pour trouver une issue au débat sur le financement des mesures.
2012 a également démarré sur une note très positive, avec la publication d'un indice ISM du secteur manufacturier en hausse en décembre. L'indice composite progresse à 53,9 (contre 52,7 en novembre et un plus bas cyclique de 50,6 en août). Les sous composantes production et emploi ont été particulièrement vigoureuses, toutes deux en progression de 3,3 points sur le mois, à respectivement 55,9 et 55,1. La composante nouvelles commandes n'a augmenté que légèrement (0,9 point), mais pour atteindre un niveau confortable (57,6). Le faible niveau des stocks (47,1) constitue une autre bonne nouvelle : il a pesé sur l'indice ISM de décembre, mais annonce également une poursuite de l'augmentation de la production pour regarnir des stocks trop faibles. L'indice des stocks de produits finis s'élève en effet à 42,5 en décembre (un chiffre inférieur à 50 indique que les stocks sont considérés comme trop bas).
Enfin, même si l'indice des prix a légèrement progressé, son niveau reste assez faible, et, à 47,5, bien en deçà de sa moyenne entre 2009 et 2011.
Dans le secteur non manufacturier, la confiance s'est également améliorée en décembre, mais dans une moindre mesure. L'indice non manufacturier (NMI) progresse à 52,6, contre 52,0 en novembre. Les sous composantes soulignent le dynamisme de l'activité (à 56,2, stable par rapport à novembre, en ligne avec la moyenne du T3), mais par ailleurs des indicateurs contrastés, avec une déception sur le front de l'emploi, dont la sous composante est restée inférieure au seuil de 50 pour le deuxième mois consécutif.
Ce mauvais résultat ne s’est toutefois pas traduit dans les chiffres d’emploi. Jusqu’à novembre, si les données économiques reflétaient une amélioration marquée et généralisée, l’emploi restait une exception. Décembre pourrait avoir renversé cette tendance, avec 200 000 postées créés, soit le rythme le plus robustes depuis avril 2011. Le dynamismes est le fait du secteur privé, les effectifs publics continuant de reculer : 212 000 emplois ont été créés dans le secteur privé, dont 164 000 pour les seuls services. Mais le secteur manufacturier, et également celui de la construction, ont vu leurs effectifs augmenter en décembre.
De plus, les différences entre les deux enquêtes ne peuvent, cette fois, venir tempérer notre optimisme, puis l’enquête auprès des ménages montrent une progression de l’emploi de 176 000 et une chute du nombre de chômeurs de 226 000. Avec un taux d’activité stable à 64%, le taux de chômage a une fois de plus reculé, pour s’établir à 8,5%, au plus bas depuis février 2009. En fait, c’est bien l’ensemble des mesures de sous utilisation du travail qui recule.
Une bonne nouvelle supplémentaire réside dans l’accélération du salaire horaire, à 2,1% (g.a.). Ce rythme reste inférieur à celui de l’inflation, mais la différence s’atténue. De plus grâce à une progression des heures travaillés, les salaires hebdomadaires progressent plus rapidement, à +2,7% en décembre.
Les minutes de la réunion de décembre du FOMC ont également été publiées cette semaine. Aucune surprise, sauf à la toute fin du rapport. Il a en effet été décidé que, outre les prévisions de croissance, d'inflation et de taux de chômage, seraient publiées les prévisions des participants quant au niveau du taux objectifs des fonds fédéraux, et ce quatre fois par an. Plus précisément, le SEP (Résumé des projections économiques publié à l'issue des réunions tenues en janvier, avril, juin et novembre) comprendra désormais également les projections par les membres votants et non votants du FOMC du niveau « approprié » du taux cible des Fed Funds au T4 de l'année en cours, sur les prochaines années civiles et à plus long terme. Le calendrier probable (selon les participants) de la première augmentation du taux cible des Fed Funds sera également communiqué, ainsi que des « commentaires » décrivant les facteurs clés qui sous-tendent les projections et, enfin, les prévisions par les participants du bilan de la Fed.
Bref, le 25 janvier, nous saurons ce que les participants du FOMC prévoient de faire au cours des deux prochaines années, à quel niveau ils voient le taux cible des Fed Funds fin 2014, quand le premier relèvement des taux est – le cas échéant – susceptible d'intervenir, et si certains envisagent de lancer un troisième programme d'assouplissement quantitatif (QE3). Cela fait beaucoup d'informations supplémentaires. Reste à savoir si cela améliorera la clarté de la communication de la Fed. Il se pourrait bien que cela n'induise au contraire une plus grande confusion. Il ne faudra surtout pas manquer la conférence de presse du président Bernanke après la réunion du FOMC des 24 et 25 janvier, qui constituera l’opportunité de clarifier cette manne de nouvelles informations.
Enfin, cette semaine a marqué le coup d'envoi des primaires républicaines, avec le caucus en Iowa, remporté de justesse par Mitt Romney, et qui s'est soldé par une première victime officielle (Michele Bachman) et un blessé grave (Rick Perry). A suivre… Quel que soit le candidat républicain, le dynamisme de l’emploi joue clairement en faveur du Président Obama. L’année 2011 aura été celle des montagnes russes. Reste que 1640000 emplois ont été créés, faisant reculer le taux de chômage de 9,1% à 8,5%.
Retrouvez les études économiques de BNP Paribas