France : la récession dans tous les esprits, seulement technique dans les chiffres

par Olivier Eluère et Werner Perdrizet, économistes au Crédit Agricole

  • En décembre, la confiance des ménages reste stable à des niveaux toujours très bas (80).
  • En novembre, la consommation des ménages en biens a légèrement diminué (-0,1% m/m).
  • L’indice PMI composite en décembre a continué à se redresser en progressant d’un point à 50.

 

En décembre, la confiance des ménages reste stable à des niveaux toujours très bas (80, contre une moyenne de long terme de 100). Un contexte éco- nomique difficile et surtout la dégradation du marché du travail pèsent sur l’opinion des ménages : les anti- cipations de chômage apparaissent ainsi toujours éle- vées à 69 (contre une moyenne de 34) et leur situation financière personnelle passée et à venir recule de deux points. Seul le niveau de vie remonte d’un point, mais il se maintient à des niveaux bas. La confiance des ména- ges devrait rester très dégradée en ce début d’année 2012, la crise de la dette souveraine européenne conti- nuant à peser sur leur moral à travers ses effets directs (hausses de taxes et autres mesures de rigueur) et indirects (attentisme, incertitudes, remontée du taux de chômage). Le pouvoir d’achat du revenu des ménages stagnerait au premier trimestre et baisserait légèrement au deuxième, sous l’effet notamment d’une légère contraction des effectifs.

En novembre, la consommation des ménages en biens est ressortie à la baisse (-0,1% m/m), même si elle reste en légère hausse en novembre-décembre par rapport au troisième trimestre (+0,2%). Les dépenses énergétiques des ménages ont continué à reculer en raison de températures toujours supérieures aux normales saisonnières (-0,8% m/m, après -1,1%).

L’alimentaire poursuit également sa baisse mais très légèrement (-0,1%), notamment en raison de la réduction de la consommation de tabac sous l’effet de la hausse des prix de la mi-octobre. A l’inverse, les dépenses en biens fabriqués sous l’impulsion du redressement de l’automobile (+3,2%) ont légèrement progressé (+0,2% m/m). Dans l’ensemble, cette faible progression de la consommation en biens par rapport au trimestre passé est cohérente, avec une faible croissance des revenus et une confiance6t0rès dégradée, les consommateurs faisant preuve d’un certain attentisme et préférant limiter leurs dépenses.

L’indice composite PMI en décembre a continué à se redresser en progressant d’un point à 50, mais reste sur l’ensemble du trimestre inférieur à ce seuil à 48,8. Cette re0montée de l’indice PMI s’est notamment appuyée sur de meilleures perspectives en matière de commandes (+1,7 point) et d’emploi (+0,8 point à 51,5).

L’amélioration concerne à la fois la manufacturier (+1,6 point) point) et les services (+0,8 point), ce secteur repassant très légèrement au deçà de 50. Cette évolution contraste avec les enquêtes Insee qui continuent à se dégrader, l’indice du climat des affaires poursuivant sa baisse en décembre (-1 point). Néanmoins, sur le quatrième trimestre, les deux enquêtes laissent entrevoir une légère contraction de l’activité que nous anticipons à -0,1% t/t. Par ailleurs, malgré le léger mieux sur l’indice PMI emploi, les effectifs devraient se contracter au cours des deux prochains trimestres, au regard de perspectives d’activité très dégradées.

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