par Caroline Newhouse-Cohen, économiste chez BNP Paribas
Selon le Beige Book de la Réserve Fédérale couvrant la période du 1er septembre au 12 octobre, la reprise s’est désormais propagée à l’ensemble de l’économie américaine.
Elle demeure toutefois fragile, si ce n’est dans deux secteurs où l’amélioration est plus marquée. D’une part, les ventes de maisons, moyen et bas de gamme, sont reparties à la hausse, grâce aux abattements fiscaux accordés aux primo-accédants, soutenant ainsi l’activité dans l’immobilier résidentiel.
D’autre part, la production manufacturière se redresse, grâce à la fin du cycle de déstockage. Rappelons, à cet égard, que la production manufacturière s’est accrue de 0,9% m/m en septembre et de 1,7% t/t au T3, soutenue principalement par la poursuite du rebond de la production automobile (+8,1% m/m).
Il n’en demeure pas moins que les conditions sur le marché du travail restent mitigées, ce qui ne manquera pas de peser sur les dépenses des ménages. Dans ces conditions, les pressions sur les prix sont contenues, sans qu’il subsiste pour autant un risque important de déflation.
La publication des comptes nationaux du troisième trimestre, le 29 octobre, devrait confirmer le diagnostic de la Fed et montrer une progression du PIB, la première depuis plus d’un an. Selon nos estimations, la croissance s’établirait entre 2,5% et 3% en rythme trimestriel annualisé, principalement soutenue par le rebond de la consommation, en dépit du mouvement de désendettement, dans lequel se sont engagés les ménages, et la suppression de la prime à la casse en septembre (les ventes de voitures ont chuté de plus 10% m/m mais progressé de 21,4% en rythme trimestriel annualisé au T3).
Au Royaume-Uni, les Minutes du Comité de Politique Monétaire des 7 et 8 octobre, publiées mercredi, ont contribué à renforcer les anticipations d’un abandon prochain des mesures non conventionnelles. En effet, le maintien du plafond du programme d’achat d’actifs a à GBP 175 milliards été voté à l’unanimité ainsi que celui du Bank rate sur ses niveaux actuels. Par ailleurs, le Gouverneur Mervin King a déclaré le même jour que « les taux devraient retrouver des niveaux normaux, à un moment donné ».
Toutefois, le Comité de Politique Monétaire ne prendra aucune décision de cette nature sans être assuré de la pérennité de la reprise. Celle-ci dépend principalement du souhait des ménages de continuer à reconstituer leur épargne, compte tenu du repli attendu des revenus et de la hausse prévue des impôts, dans un contexte où leur richesse financière a chuté et les perspectives d’évolution du chômage demeurent moroses.
La publication des comptes nationaux du deuxième trimestre (-0,6% t/t au T2 en estimation finale, après -2,5% au T1, le plus fort recul depuis septembre 1979) et les révisions annuelles opérées par l’ONS ont montré que la récession avait été plus profonde qu’anticipé. En glissement annuel, le PIB s’est contracté de 5,5% au T2, une chute historique (les données trimestrielles sont disponibles depuis 1955). Au troisième trimestre, la récession s’est poursuivie, tout en se modérant, le PIB reculant de 0,4% t/t, d’après son estimation préliminaire, après -0,6% au trimestre précédent. Ces résultats sont décevants, dans la mesure où une légère progression de l’activité était attendue au T3.
Par ailleurs, la contraction de l’activité a frappé l’ensemble des secteurs, même celui des services, où les indicateurs avancés signalaient une faible augmentation. Ces résultats confirment, toutefois, que le pire de la récession est désormais derrière nous. Les enquêtes récentes dans les services et le secteur industriel indiquent que la reprise est proche, mais qu’elle devrait être très progressive. Somme toute le PIB devrait se contracter d’environ 5% cette année, sa plus forte baisse depuis 1955, avant de renouer avec la croissance, toutefois modeste, l’année prochaine.