par Franck Dixmier, Global CIO Fixed Income chez Allianz Global Investors
• Lors de sa prochaine réunion du 22 avril, la Banque centrale européenne devrait réitérer son message de prudence.
• Dans un contexte de perspectives de reprise économique retardées par les mesures de restriction sanitaire, la BCE peut justifier le maintien de sa politique monétaire ultra accommodante.
• Cette réunion ne devrait pas avoir d’impact sur les marchés.
Les révisions à la baisse des perspectives de croissance économique en zone euro se généralisent. Du fait des restrictions sanitaires liées à la pandémie, même l’Allemagne a revu à la baisse ses prévisions, et prévoit désormais une croissance de 3,7% au lieu de 4,7% précédemment.
A l’occasion de la publication de son rapport sur l’Europe, le Fonds monétaire international a dressé un constat sans concession. Inquiet des séquelles que la crise laissera sur l’économie européenne, l’organisation internationale suggère d’accroître l’effort de relance à hauteur de 3 points de PIB européen en 2021 et 2022. Il s’agit non seulement de rattraper les niveaux de PIB d’avant crise, mais aussi de combler l’écart qui s’est creusé par rapport à la trajectoire de croissance qui prévalait précédemment. Un message que Bruxelles a accueilli fraichement.
En l’absence de plan de relance additionnel, et du fait du retard dans la mise à disposition des fonds du plan de relance européen, la Banque centrale européenne se retrouve une nouvelle fois en première ligne.
Les minutes de la réunion du 11 mars ont souligné que la BCE n’avait pas l’intention d’augmenter l’enveloppe globale de 1850 milliards d’euros du PEPP, ce qui signifie que l’augmentation récente des achats d’actifs fin mars devra être compensée par la suite. Par ailleurs, le calibrage de ses rachats sera revu de façon trimestrielle.
Néanmoins, il est clair que la BCE va réitérer sa volonté de maintenir les conditions financières les plus favorables pour la zone euro. D’autant que son message fonctionne pour le moment. L’avertissement de la BCE sur les taux a été suivi d’effets :
- Les taux long terme se sont stabilisés : le Bund est passé d’un plus bas à -0,64 % en décembre 2020 à -0.27% mi-avril, soit une hausse de 37pb, à comparer à une augmentation de 70pb du 10 ans américain sur la même période.
- Les spreads entre les emprunts d’Etats restent stables.
- La transmission de la politique monétaire continue à fonctionner.
Le clivage latent entre partisans d’une politique monétaire agressive durable et ceux qui plaident pour un retrait progressif est apparu dans les minutes de la réunion du 11 mars, mais n’est pas encore porté sur la place publique. Ce débat viendra tôt ou tard. En attendant, le contexte permet à la BCE de continuer à justifier sa politique accommodante et repousser à plus tard le débat sur le débranchement de ses outils. Dans ce contexte, les investisseurs devraient rester sereins.