par Alexandre Baradez, Responsable de l’analyse marchés chez IG France
La nervosité des marchés actions pendant l’intervention de Jerome Powell, d’abord en forte hausse puis effaçant tous les gains avant la clôture, révèle bien l’incertitude véhiculée par le président de la Fed.
S’il l’on devait retenir une phrase de son intervention, ce pourrait être celle-ci : « Je ne sais pas si l’inflation baissera suffisamment, ou pas suffisamment, pour mériter une baisser de taux ». De façon plus globale, son discours d’hier était très souvent sur un mode « et en même temps », alternance d’éléments de langage parfois durs mais contrebalancés assez rapidement par des phrases plus « colombes ».
Comme cet extrait par exemple : « Les données d’inflation cette année ont été plus élevées qu’anticipé, toutefois les anticipations d’inflation moyen-terme restent bien ancrées ». Ou encore : « Mon anticipation est que nous verrons l’inflation ralentir cette année, mais ma confiance sur ce mouvement est plus faible qu’avant ». Ainsi que : « L’inflation a ralenti substantiellement au cours de l’année écoulée mais elle est toujours trop élevée »
On retrouve la même alternance dans le communiqué qui a précédé : d’un côté la Fed relève le peu de progrès réalisés ces derniers mois sur l’inflation, mais de l’autre annonce un ralentissement de la réduction du bilan jugeant que « les risques pesant sur l’atteinte des objectifs en matière d’emploi et d’inflation ont évolué vers un meilleur équilibre au cours de l’année écoulée. »
Lors de la première partie de l’intervention de Jerome Powell, le marché semblait rassuré par le fait qu’il juge « peu probable que le prochain mouvement soit une hausse de taux ». On peut donc être surpris de la réaction assez vigoureusement haussière des marchés actions à ce moment-là car la question ne se posait pas vraiment chez les observateurs ou sur les anticipations via les Futures Fed Funds. Le sujet qui prédominait avant cette réunion était surtout de savoir combien de temps la fourchette de taux actuelle serait encore maintenue avant une première baisse, plutôt qu’une inquiétude sur une nouvelle hausse de taux, Jerome Powell rappelant à chaque réunion, comme il l’a encore fait hier, que la politique monétaire était suffisamment restrictive pour ramener, sur la durée, l’inflation vers l’objectif.
Comme il le fait régulièrement, le président de la Fed a rappelé que le comité prenait ses décisions réunion par réunion. Mais l’incertitude très claire affichée hier renforce l’importance des futures données économiques. Jerome Powell a sublimé la « data dépendance » hier…ce qui signifie que les prochains chiffres sur l’emploi ou les indices de prix feront, très probablement, fortement réagir les marchés, que ce soient les taux, les actions mais aussi les devises.