Par Jean-Marie Mercadal, directeur général adjoint d’OFI AM en charge des gestions
Depuis un an, les principaux indices actions stagnent, évoluant dans des « trading range » d’environ 10%. Va-t-on enfin en sortir par le haut alors que l’indice S&P 500 est en passe d’obtenir sa meilleure performance pour un mois de septembre depuis 1939 (+7,7%) ?
Dans un contexte encore grand d’aversion au risque (cf. l’or au plus haut historique), on note une petite détente sur quelques indicateurs de stress : le Bund allemand vient de perdre près de 3 points, le rendement à 10 ans correspondant passant ainsi de 2,1 à 2,4%.
De même, le dollar – considéré également comme une valeur « défensive » ces derniers mois – a perdu près de 6% contre l’euro en quelques séances. La volatilité cotée est à son plus bas niveau depuis un an : le VIX, représentatif de la volatilité traitée sur les options américaines, cote ainsi 24 contre un plus haut de près de 80 lors de la crise de 2008 et de 45 en mai, pendant la « crise de l’euro. »
D’un point de vue technique, l’indice S&P 500 est en passe de de franchir une résistance importante, la zone des 1130/1140 points. De même, l’indice EuroStoxx 50 tutoie ses plus hauts de l’été autour de 2.800 points… Une sortie claire (avec davantage de volume de transactions) de ces niveaux donnerait des objectifs de progression de 7 à 10% dans un premier temps.
Qu’est-ce qui pourrait faire basculer les indices au-delà de ces résistances ?
1 – Plus de visibilité sur le scénario macro. Le ralentissement américain observé depuis quelques semaines est anxiogène, pour au moins trois raisons : le chômage est élevé, l’immobilier reste déprimé et les taux d’utilisation des capacités de production ne sont pas encore revenus à leurs niveaux d’avant crise. Un risque de rechute subsiste donc même si les indicateurs avancés restent encore en territoire « d’expansion ».
2 – Des Banques Centrales « plus rassurantes ». La Réserve fédérale américaine vient de ce point de vue, mardi dernier, de jeter le trouble. Elle a réaffirmé qu’elle était prête à agir massivement pour soutenir l’activité, et notamment l’emploi, quitte à poursuivre jusqu’au bout les mesures non conventionnelles. Ceci est moyennement rassurant à l’heure où les marchés doutent sur l’économie. De ce fait, elle va maintenir ses taux d’intérêt à un niveau « exceptionnellement bas pour une période prolongée ». De plus, une nouvelle phase de « Quantitative Easing » va s’ouvrir : « QE2 ». Elle sera activée en cas de besoin, avec la capacité d’acquérir à nouveau des actifs hypothécaires et des dettes gouvernementales.
3 – Les valorisations : aujourd’hui, les actions semblent « pricées » pour le pire. Les PER actuels sont nettement en dessous des moyennes de long terme, se situant entre 10 et 14 pour la plupart des grands marchés. Par ailleurs, les rendements actions sont désormais supérieurs à ceux des obligations, ce qui est historiquement assez rare… Certes, le momentum des estimations de bénéfices des entreprises sera peut-être moins bon au cours des prochaines semaines (nous attendons une progression de 14,6% pour les entreprises du S&P 500 et +16,5% pour l’indice Stoxx 600). Il n’en reste pas moins qu’il est difficile d’imaginer de forts reculs boursiers au stade actuel. Tôt ou tard, cette réalité s’imposera et certains investisseurs sauront en tirer parti. Malheureusement, ce ne sera pas ceux qui sont contraints par des réglementations exigeant plus de « prudence » et qui pourssent à des placements à 10 ans à 2,5% de rendement (les obligations gouvernementales) !