C’est un exercice intéressant et utile que propose Coface : face au risque de « stagnation séculaire » de plus en plus souvent évoqué, quels sont les pays avancés qui pourront tirer leur épingle du jeu au cours des prochaines années ? Sans surprise, ce sont ceux qui ont pris des mesures pour s’adapter. Et la France n’en fait pas partie…
Les économistes de l’assureur-crédit ont retenu cinq critères pour établir leur classement : la démographie, l’innovation, les inégalités de revenus, l’endettement privé et public et enfin les performances en matière d’exportations commerciales.
Les cinq pays les mieux classés sont l’Allemagne, la Corée du Sud, la Suisse, la Belgique et les Pays-Bas. Ainsi, les investissements allemands en matière de recherche et développement (R&D) sont supérieurs à la moyenne de l’OCDE, les systèmes de financement encouragent les petites entreprises à croître.
Une étude de HSBC, publiée la même semaine, confirme d’ailleurs le poids des entreprises de taille moyenne (ETM) dans ce pays. Ces ETM, qui réalisent un chiffre d’affaires de 50 à 500 millions de dollars, y sont au nombre de 11.920 (9.290 en France) et emploient 4,7 millions de personnes (2,7 millions en France).
Comme le souligne la Coface, l’Allemagne bénéficie d’une très forte compétitivité hors coût et enregistre une croissance soutenue de ses exportations.
On pourrait s’étonner que le pays soit bien placé en matière démographique. Mais la crise est passée par là et il est devenu une terre d’émigration pour les travailleurs des autres pays européens. A contrario, l’Espagne connaître un recul historique : en 2007, elle accueillait 720.000 immigrés, en 2012 seulement 16.000.
Et la France ? Elle affiche des performances moyennes avec un gros point noir : le creusement des inégalités. La France, la Suède, le Danemark et les Etats-Unis subissent une dégradation de l’indice de GINI depuis une décennie. La France n’est pas au niveau des Etats-Unis, « pays le plus inégalitaire au monde ». Mais cette situation est très dommageable car, comme le souligne la Coface, les inégalités de revenus induisent un pouvoir d’achat durablement moindre pour les ménages modestes, ce qui pèse sur la croissance et explique en tout cas la faiblesse de la reprise.
Sur les autres critères, si la France s’en sort convenablement sur la démographie, elle est devancée par la Finlande, l’Allemagne, le Danemark, la Suisse, les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud et Israël en matière de recherche et développement. Elle n’atteint même pas la moyenne de l’OCDE. De même, l’investissement en « Private Equity » dans les secteurs innovants est nettement en retrait.
Quant aux exportations, si on retenait un indice 100 en 2007, la France était à 107 en 2013 contre 113 pour l’Allemagne et 129 pour la Suisse. Pis, le Portugal était à 115 et l’Espagne à 109, confirmant que les pays qui ont mis en œuvre des réformes après la crise de 2007/2008 obtiennent des résultats. Les pays périphériques de la zone euro ont encore amélioré leur performance ces dernières années.
C’est donc un message d’espoir pour la France. Encore faut-il qu’il y ait chez les dirigeants politiques la volonté de mettre en œuvre de vraies réformes de structure, seules en mesure de favoriser la croissance.