C’est une question que tout le monde préfère éviter mais qui occupe les esprits de certains économistes depuis le début de la crise : l’euro peut-il s
C’est une question que tout le monde préfère éviter mais qui occupe les esprits de certains économistes depuis le début de la crise : l’euro peut-il survivre à la crise économique qui frappe la planète depuis un an. La question peut paraître farfelue alors que tout semble rentrer dans l’ordre : les banques, qui sont à l’origine de la crise, affichent une santé éclatante, les résultats des entreprises industrielles se maintiennent à un niveau jugé satisfaisant par les investisseurs et les indices boursiers sont orientés à la hausse depuis le début du printemps.
En outre, l’euro est en forte progression contre plusieurs autres grandes monnaies, au premier rang desquelles le dollar, depuis plusieurs mois. Dans ce contexte, pourquoi l’euro serait-il menacé ? Pour une raison très simple : plusieurs pays européens sont confrontés à une envolée de la dette publique jamais vue depuis longtemps et qui peut rapidement échapper à tout contrôle. Rapportée au Produit intérieur brut (PIB), elle est en moyenne à environ 80% dans la zone euro et elle devrait encore progresser, le ratio dépassant 115% pour des pays comme l’Italie, la Belgique et la Grèce.
La question est donc celle-ci : un pays de la zone euro peut-il faire faillite ? On peut se rassurer en estimant que la question ne se pose pas en ces termes. Un Etat n’est pas une entreprise. Mais un Etat endetté est à la merci des prêteurs internationaux qui peuvent lui réclamer des taux d’intérêt très élevés. De quoi réduire ses marges de manœuvre, l’obligeant à trouver de nouvelles ressources et à réduire ses dépenses.
Et si cela ne suffit pas, cet Etat se retrouve sous la tutelle d’organismes financiers internationaux. Dans les années 1970 et 1980, le Fonds monétaire international (FMI) a souvent imposé des cures d’austérité à des pays du tiers monde qui n’arrivaient plus à rembourser les emprunts. C’était avant l’émergence des pays du Sud, dont plusieurs affichent aujourd’hui une situation financière solide. Aujourd’hui, le FMI intervient en Europe. En décembre 2008, il a signé un accord pour prêter, avec la Commission européenne, un total de 3,5 milliards d’euros à la Lettonie.
Le fait qu’un pays membre de l’Union européenne réclame l’aide du FMI n’en finit pas de susciter des interrogations dans les milieux politiques et économiques.
Comment se fait-il que l’UE n’ait pas réussi à voler, seule, au secours d’un ses membres ? Que se passerait-il demain si cette situation se reproduisait non pas dans un pays périphérique mais dans un Etat de la zone euro ?
Il est clair aujourd’hui que l’UE ne dispose pas de mécanismes pouvant aider un Etat membre à surmonter une grave crise financière. Elle pourrait éventuellement mobiliser des fonds mais elle n’est pas outillée pour mettre en œuvre et superviser un programme de réformes structurelles pour reprendre la formule consacrée.
La Commission européenne présidée par José Manuel Barroso, qui a été particulièrement inexistante dans la gestion de la crise financière depuis septembre 2008, doit donc établir rapidement une stratégie pour pouvoir venir en aide, le cas échéant, à un Etat membre. Cela suppose d’avoir des moyens financiers et, surtout, d’une équipe pouvant épauler un gouvernement en difficulté.
On pourrait objecter qu’en mettre en œuvre un tel mécanisme enverrait un signal négatif aux marchés financiers, favorisant la spéculation contre l’euro. Mais les conséquences seraient autrement plus graves si l’UE ne faisait rien.
Evidemment, l’euro en tant que tel ne va pas disparaître. Mais que ferait-on si un pays ne respectait plus les critères de la monnaie unique ? Quelles seraient les conséquences sur les taux de change et les taux d’intérêt pour les autres membres ? Jusqu’où l’euro descendrait-il ? Car, il ne faut pas s’y tromper, l’euro subirait une violente dévaluation. Tout cela aurait un impact négatif pour la population, qui subirait la hausse des taux mais aussi l’inflation. Autant dire qu’elle s’appauvrirait. La monnaie unique survivrait mais sa crédibilité serait sévèrement atteinte.