Euro : aux politiques d’agir !

Contrairement à ce que certains pensent, la crise de la zone euro est politique avant d’être économique, ce qui suppose de la part des gouvernements un véritable programme destiné à rassurer à court t

Contrairement à ce que certains pensent, la crise de la zone euro est politique avant d’être économique, ce qui suppose de la part des gouvernements un véritable programme destiné à rassurer à court terme et à relancer la croissance à long terme.

Les dirigeants politiques doivent donc arrêter de faire du spectacle en organisant chaque mois un sommet « de la dernière chance ». Comme le résume un gérant, « il est illusoire de croire qu’on peut sauver l’euro en un week-end ».

Sauver l’euro suppose d’agir méthodiquement pour déterminer les origines de la crise, les attentes des investisseurs, le degré d’acceptabilité des réformes par les peuples et le niveau de croissance économique que l’on peut espérer.

On ne peut pas traiter ces quatre points lors de discussions entre chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles à Paris ou à Berlin.

– Les origines de la crise, tout le monde les connaît désormais. La zone euro dispose d’une monnaie unique mais elle n’a pas les outils qui sont nécessaires à la gestion de cette monnaie unique : l’harmonisation budgétaire et fiscale. Comme la convergence dans ce domaine n’a pas été jugée prioritaire, les pays subissent les uns après les autres les assauts des marchés financiers, les investisseurs ayant prêté massivement à ces pays. Ajoutons que les Européens ont fait preuve d’une naïveté incroyable en autorisant un durcissement des règles prudentielles pour les banques et les assurances alors que la crise nécessitait au contraire de renforcer ces acteurs indispensables au fonctionnement de l’économie. Les banques et les assurances sont fragilisées et doivent renforcer leurs fonds propres, ce qui réduit leur capacité à prêter aux ménages et aux entreprises.

– Les attentes des investisseurs tiennent en un mot : visibilité. Ils veulent savoir où va la zone euro et comment elle compte y aller, ce qui leur donnera une indication sur la capacité des pays du bloc à rembourser les emprunts contractés ces dernières années.

– L’acceptabilité des réformes, et donc des sacrifices, est beaucoup plus complexe à déterminer. Les pays européens sont surendettés et ils ont deux moyens principaux pour en sortir : une augmentation des impôts et/ou une transformation de l’Etat afin de générer des économies. Sous la pression des investisseurs, et notamment de leurs vigies que sont les agences de notation, tous les gouvernements ont adopté les deux volets et ont donc mis en œuvre des politiques d’austérité.

Mais les sacrifices suscitent la colère de la population qui a l’impression de payer pour une crise dont elle ne se sent pas responsable. Des manifestations violentes ont eu lieu en Grèce et ces phénomènes pourraient toucher d’autres pays. Pour faire accepter les réformes, les gouvernements doivent montrer que la justice sociale est au cœur de leur politique. Dans le cas de la Grèce par exemple, on peut comprendre que les salariés de la classe moyenne et les fonctionnaires aient du mal à accepter des réductions de salaires alors que les détenteurs de gros patrimoines ont pratiqué l’évasion fiscale et que l’église orthodoxe bénéficie de privilèges exorbitants et ne paie quasiment pas d’impôt. Pour être crédible aux yeux des citoyens, un gouvernement doit faire preuve d’équité et donc ponctionner en proportion ceux qui ont le plus. Sans une telle stratégie, il est illusoire de croire que l’on peut redresser un pays. Les plus déterminés opteront pour la violence, d’autres choisiront l’exil tandis que les plus résignés survivront grâce au système D. Tous les pays européens peuvent être confrontés à une telle situation.

– Quelle croissance peut-on attendre ? C’est la question la plus importante car elle permet de résoudre les autres problèmes. Imposer des mesures pour réduire les déficits et la dette n’a de sens que si dans le même temps on met en place des réformes pour améliorer la compétitivité économique du pays. Mais, les politiques d’austérité ont pour effet dans un premier temps de réduire le taux de croissance. C’est ce que nous constatons eu Europe, où la récession est anticipée pour 2012. C’est logique : si les ménages et les entreprises ont moins d’argent, ils consomment et investissent moins. La compétitivité ne peut pas être obtenue uniquement par des mesures fiscales visant à alléger le coût du travail. Il faut encourager l’investissement dans des secteurs d’avenir et favoriser la création de filières industrielles. Cela prend du temps et peut être douloureux, quand on réduit par exemple les avantages sociaux de certaines catégories de salariés. Mais c’est une stratégie indispensable pour le pays à long terme.

Mais cette stratégie ne sera acceptée par la population que si elle est clairement expliquée et que les perspectives d’amélioration à moyen terme sont réelles.

Les dirigeants politiques ont donc une responsabilité particulière. La résolution de la crise de la zone euro dépend avant tout d’eux. Ils peuvent bien sûr s’appuyer sur des outils existants comme la Banque centrale européenne (BCE) ou le Fonds monétaire international (FMI) mais les mesures les plus fortes ne peuvent venir que d’eux.