L’Europe à l’écart

L’Europe est-elle à la veille d’une crise financière d’une ampleur inédite ? Les atermoiements au sujet de la crise grecque le laissent hélas craindre.

L’Europe est-elle à la veille d’une crise financière d’une ampleur inédite ? Les atermoiements au sujet de la crise grecque le laissent hélas craindre.

Cette situation est d’autant plus surprenante que l’économie mondiale semble se normaliser après avoir traversé la pire crise depuis la dépression des années 1930.

En effet, après avoir fortement progressé, les cours de matières premières se stabilisent, la Réserve fédérale américaine va mettre fin à son programme d’assouplissement monétaire sans déclencher de mouvements incontrôlés et l’on attend que les banques rouvrent les robinets du crédit en faveur des entreprises et des particuliers.

Les pays émergents enregistrent des taux de croissance exceptionnels à tel point que l’on peut craindre une surchauffe. L’inflation dans ces pays est très élevée mais les autorités locales peuvent utiliser l’arme de la monnaie pour la contrer.

Si tout n’est pas réglé, en particulier la question de la dette aux Etats-Unis (au niveau fédéral mais aussi au niveau des Etats fédérés), on constate une certaine normalisation un peu partout et il n’y a pas de risque de « Double Dip », de nouvelle récession, à ce stade, comme le souligne Philippe Delienne, président de Convictions AM.

La normalisation ne touche malheureusement pas l’Europe. A priori, les indicateurs sont plutôt bien orientés mais ils sont le résultat d’une moyenne qui intègre pour une bonne part les performances exceptionnelles de l’Allemagne.

Les autres pays de l’Union européenne n’ont pas encore commencé à se pencher réellement sur leurs problèmes de compétitivité dans une économie globalisée.

Mais il y a pire : la zone euro est menacée par la crise de la dette dans plusieurs Etats. L’urgence concerne évidemment la Grèce. Ce pays ne parvient pas à assainir ses finances publiques. Or, c’est la condition sine qua non pour obtenir une nouvelle aide financière de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) alors qu’il ne peut plus emprunter sur les marchés financiers.

La population grecque est hostile à de nouvelles mesures d’austérité et semble prêt à sanctionner le gouvernement actuel alors que celui-ci essaie de réparer les dérives et fraudes de l’ancienne majorité de droite. Sans accord sur la réduction des dépenses, le pays est en faillite, ce qui signifie une restructuration de la dette.

Mais les autorités politiques européennes veulent éviter un tel scenario car cela provoquerait une panique. Une restructuration signifie que les détenteurs de la dette grecque, en premier lieu les banques et les compagnies d’assurances, doivent renoncer à une partie de leurs créances. Les banques européennes ont commencé à reconstituer leurs fonds propres et verraient leurs ratios de solvabilité se dégrader. Leurs notes seraient abaissées et elles devraient procéder à des augmentations de capital. Elles auraient des difficultés à financer l’économie.

Un défaut de la Grèce conduirait les agences de notation à abaisser les notes d’autres pays endettés comme le Portugal, l’Espagne, l’Italie voire la France.

Une spirale extrêmement dangereuse serait enclenchée. C’est la raison pour laquelle les dirigeants de la zone euro finiront par trouver une solution à la crise grecque.

Pendant que l’Europe se concentre sur ses problèmes internes, elle ne peut pas profiter de la reprise économique mondiale et se laisse irrémédiablement distancer par les autres zones économiques.