Le luxe des nouveaux riches

La publication des comptes du premier trimestre montre que les entreprises du secteur du luxe se portent à merveille et cette tendance devrait se poursuivre grâce au développement des pays émergents o

La publication des comptes du premier trimestre montre que les entreprises du secteur du luxe se portent à merveille et cette tendance devrait se poursuivre grâce au développement des pays émergents où les nouveaux riches ne jurent que par les grandes marques.

Après le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire qui ont frappé le Japon, les investisseurs ont craint un moment une chute de l’activité des entreprises telles que LVMH, Richemont, Hermes, Gucci etc. D’autant que le Japon est le premier marché mondial du luxe (20%) en combinant les ventes sur place et les achats effectués par les touristes lors de leur déplacement.

Mais la catastrophe a été vite oubliée dans les ateliers des marques de prestige comme l’avait été la crise financière qui a éclaté en 2008.

Il faut dire que la dynamique de l’économie mondiale a été profondément modifiée ces dernières années.

Laurent Belloni, co-gérant du fonds Premium Brands chez Pictet, souligne que les consommateurs des pays émergents représentent environ 40% du marché du luxe contre 15% en 1999 et que cette proportion devrait passer à 60% d’ici 2020. Les Américains sont aujourd’hui à 18% et les Européens à 20% tandis que la Grande Chine (Chine, Hong Kong, Macau, Taïwan) totalise 15%.

Si le nombre de HNWI (High Net Worth Individuals, c’est-à-dire les personnes très riches disposant de plus d’un million de dollars hors immobilier) a crû de 17% pour atteindre 10 millions en 2009, selon l’étude annuelle Merrill Lynch/Capgemini, la progression est surtout spectaculaire en Asie Pacifique, qui dépasse l’Europe.

Ce mouvement n’est pas terminé dans la mesure où l’urbanisation demeure faible et que la population de ces pays est jeune. En montant dans l’échelle sociale, les consommateurs voudront de plus en plus de produits de luxe comme on le voit déjà en Chine.

Selon Laurent Belloni, « la Chine est un marché très profitable pour les groupes de luxe ». Il note que la structure de ce marché est différente qu’en Occident puisque les hommes sont plus gros consommateurs de luxe que les femmes, ce qui explique les ventes exceptionnelles de montres, de voitures haut de gamme et d’accessoires.

« Le luxe en Chine serte à montrer qu’on a réussi socialement. Un homme peut porter au poignet une montre à 100.000 dollars mais utiliser son téléphone mobile pour avoir l’heure. En affichant une montre de prix, il affiche sa réussite », dit le gérant en indiquant que les marques françaises et italiennes y sont privilégiées.

Grâce au soutien des nouveaux riches des pays émergents, le secteur du luxe semble épargné par les évolutions politico-économiques : ainsi un resserrement monétaire a peu d’impact dans la mesure où il s’agit d’un marché de niche. La baisse du dollar est négative pour les entreprises du luxe, qui sont majoritairement européennes.

L’environnement semble si peu menaçant que les groupes de luxe les plus puissants rachètent des concurrents : LVMH a repris Bulgari et a acquis 20% de Hermes, PPR a racheté Volcom.

Bref, il s’agit d’un monde sur lequel la crise n’a pas prise. En tout cas, jusqu’à présent…