par Charlie Thomas, gérant du fonds JGF Climate Change Solutions chez Jupiter Asset Management
La reprise économique à l’échelle mondiale conjuguée à une stabilisation des politiques environnementales, et l’émergence de nouvelles aires de développement technologique sont autant de facteurs qui peuvent générer des opportunités d’investissement intéressantes pour qui souhaite trouver des solutions d’investissement alliant écologie et rendement de long terme.
Notre credo originel était d’investir dans des entreprises leaders qui fournissent des solutions pour relever les défis environnementaux et ce concept est toujours pertinent 10 ans après, malgré les problèmes que le secteur a récemment rencontrés. Il s’agit d’un secteur en constante évolution qui offre en permanence de nouvelles opportunités.
Des opportunités «intelligentes »
Un exemple de cela est la mise en application des technologies dites « intelligentes ». Cela impacte la manière dont les données sont utilisées pour optimiser des opérations et rendre plus efficaces et plus économiques les processus. Il s’agit d’un thème central pour les entreprises fournissant des solutions écologiques.
Les experts comparent le mouvement vers les villes intelligentes à celui de la mise à disposition de l’électricité pour tous. Dans les prochaines années, des compteurs intelligents vont permettre aux consommateurs de prendre conscience de leur consommation d’électricité et des dispositifs automatiques éteindront les appareils qui utilisent du courant inutilement ou en optimiseront la consommation (comme les réfrigérateurs qui, par temps froids, pourront utiliser l’air provenant de l’extérieur comme système de refroidissement). Nous pensons que cette manière de vivre « intelligente », impliquant de la logistique, des constructions et des transports intelligents, va devenir la norme et cela représente un gigantesque marché potentiel pour les entreprises offrant ce type de produits et de services.
Des soutiens politiques
Les règlementations qui soutiennent le développement des technologies vertes ont toujours été un sujet sensible pour les investisseurs du secteur. En effet celui-ci a régulièrement été confronté à des changements de politiques soudains et il y restera très vulnérable. Ceci est particulièrement vrai dans les pays démocratiques dont les cycles électoraux sont courts.
En un peu plus de 20 ans, les efforts diplomatiques sur le climat sont passés par plusieurs phases de discussion sans réussir à aboutir à un accord sur des lois qui soient à la fois universelles et juridiquement contraignantes. Cependant, en tirant leçon des erreurs passées, les politiques environnementales nationales et régionales ont évolué pour devenir plus effectives et, selon nous, plus stables.
A titre d’exemple, on peut citer le cas de l’adoption de la réglementation des émissions de CO2 pour les voitures particulières à travers le monde. Plusieurs régions et pays ont promulgué des lois qui ont permis de réduire de manière substantielle les émissions de gaz d’échappement et la consommation moyenne d’essence. Les émissions moyennes de CO2 en Union Européenne sont passées de 170g/km en 2006 à 120g/km en 2013. Les Etats-Unis, le Japon et la Chine ont fait de mêmei. En d’autres termes, les nouvelles voitures sont considérablement plus économes en essence que les générations passées de véhicules. Les entreprises qui fournissent des turbocompresseurs (pour permettre d’avoir des moteurs plus petits et plus optimisés en termes de consommation d’essence), des matériaux légers ou des capteurs pour ce type de voitures sont encore des investissements intéressants.
Est-ce que la reprise économique est mauvaise pour l’environnement ?
Cela fait maintenant plus de 15 ans que nous observons scrupuleusement ce secteur, nous pouvons donc témoigner de ce que nous avons expérimenté lors de précédents cycles : une accélération de la reprise économique devrait selon nous générer une forte hausse des marchés de l’environnement. En effet, une augmentation de la pollution de l’air, des déchets et de l’utilisation de ressources naturelles rares entraîne généralement une accélération de la demande pour des solutions vertes.
Le secteur de l’investissement environnemental illustre parfaitement les bénéfices d’un investissement sur longue période. Les leviers structurels de long terme de la croissance sont toujours bien là, voire se renforcent. La volatilité et l’incertitude qui ont miné le secteur depuis le début de la crise financière sont en train de se résorber. Nous assistons à un regain d’intérêt pour ce secteur et une hausse des rendements potentiels de la part de toute une variété d’entreprises et d’industries un peu partout dans le monde. Ceci, combiné à un climat politique stabilisé, nous incite à penser que les 10 prochaines années seront aussi exaltantes que les dix dernières.