par Lukas Daalder, stratégiste chez Robeco
Si l'on analyse les trois premiers mois de cette année, force est de conclure que nous vivons une époque agitée. Beaucoup de pays du Moyen-Orient connaissent des troubles politiques, le prix du pétrole (Brent en dollars) a augmenté de 35 % depuis le début de l'année, le Japon a été touché par un séisme dévastateur et un tsunami, et le Portugal doit demander de l'aide à l'Union Européenne : la liste semble interminable. Il faut noter qu'en dépit de tous ces événements, les actions se portent toujours très bien.
Début avril, elles ont même atteint un nouveau point haut, mesuré en dollars. Les chiffres positifs concernant l'économie américaine et l'atténuation partielle des incertitudes à l'égard des marchés émergents ont soutenu les marchés d'actions. Mais nous restons tout de même plus prudents, pour le moment, concernant les perspectives pour les actions : la forte hausse des matières premières remet en cause la rentabilité, les incertitudes concernant le Japon et le Moyen- Orient demeurent et le premier relèvement de taux de la BCE joue également un rôle : la valeur de l'euro a augmenté de 8 % depuis le début de l'année. Mesurées en euros, les actions se négocient actuellement 5 % en dessous du niveau record de janvier.
La reprise de l'économie américaine s'amplifie
La reprise de l'économie américaine semble s'être étendue le mois dernier. Nous ne parlons pas spécifiquement du marché du logement car des chiffres globalement négatifs ont été publiés concernant les ventes et les prix. La bonne nouvelle vient des producteurs, dont la confiance s'est stabilisée à des niveaux élevés, et des consommateurs qui ont continué de dépenser pendant le premier trimestre. L'élément important est le fait qu'actuellement le marché du travail aussi se rétablit nettement : en deux mois, près d'un demi-million de nouveaux emplois ont été créés. En ce qui nous concerne, les bonnes nouvelles offertes par le marché du travail ont un impact nettement plus important que les mauvaises nouvelles provenant du marché du logement.
La BCE relève les taux
Début avril, la BCE a relevé les taux d'un quart de point, pour atteindre 1,25 %. À vrai dire, ce relèvement est surtout symbolique : en effet, le fait de payer/d'obtenir 1,25 % ou 1,0 % ne change pas grand-chose. Le signal que la BCE envoie avec cette mesure est toutefois essentiel : avec sa politique, la BCE vise clairement le cœur de l'Europe (où le taux de chômage baisse et l'inflation augmente déjà) et non la périphérie. La principale conséquence directe est que la valeur de l'euro augmente en raison de cette politique. Ainsi, la hausse des coûts des matières premières calculée en euros est limitée (l'inflation reste limitée), mais elle a entraîné de plus grandes difficultés pour les exportateurs européens.
Japon : d'une catastrophe à l'autre
Le séisme qui s'est produit le 11 mars sur la côte du Japon est catastrophique à tous les niveaux : la perte de vies humaines, les séquelles résultant du réacteur nucléaire et les conséquences économiques sont toutes de très mauvaises nouvelles. On peut lire dans certains articles que ce choc est peut-être une impulsion dans la bonne direction pour que l'économie japonaise redémarre, mais c'est complètement faux.
Les coûts sont actuellement estimés entre 3,5 % et 5,5 % du PIB – c'est la catastrophe la plus coûteuse de l'histoire – et l'État devra en payer une grande partie. Avant cette catastrophe, l'OCDE estimait que la dette publique dépassait largement 200 % et on supposait un déficit primaire de 5,3 % pour 2011 : cela ne s'arrangera certainement pas.
Les pays émergents bénéficient de plus de stabilité
Il n'est certes pas question d'un revirement de tendance net, mais les marchés financiers semblent généralement donner le bénéfice du doute aux marchés émergents. Le risque d'un fort affaiblissement de la croissance s'est atténué ces derniers mois et, parallèlement, on a aussi estimé le risque d'une surchauffe comme étant un peu plus faible. Nous sommes toujours plus optimistes pour les perspectives des marchés émergents que pour celles du Pacifique et de l'Europe.
Le marché financier est en mouvement
Les taux des marchés financiers continuent toujours d'augmenter dans le monde entier. Les incertitudes concernant le Moyen-Orient et le Japon ne se sont calmées qu'un bref moment. C'est notamment en Europe que les taux des marchés financiers sont à la hausse, en raison des craintes que la BCE relève de nouveau les taux dans les prochains mois. Selon nous, la BCE adoptera une attitude moins agressive, ce qui implique que nous ne prévoyons pas de nouvelle forte hausse des taux des marchés financiers désormais.