par Erik Ristuben, Chief Investment Officer des Stratégies dédiées de Russell Investments
La volatilité est et continuera d'être de la partie dans cet environnement de marché. Mercredi a été une illustration de ce fait avec un Dow qui a perdu 520 points, sa neuvième pire perte de son histoire, dans un marché en panique qui a effectivement effacé tous les gains de mardi.
Alors que la volatilité du début de semaine est venue des préoccupations liées à l'économie américaines et de l'impact psychologique du déclassement par S&P, la baisse de mercredi est le résultat de l'effet de contagion redoutée de la crise de la dette souveraine européenne. La crise est passée d'un pays à l'autre – affectant à tour de rôle le système bancaire en Italie, Grèce et Espagne. Il a ensuite affecté les systèmes français et allemands relativement plus stables compte tenus des craintes au sujet de l'exposition à la dette européenne précaire. Le mercredi, c'est au tour de la France d’être dans la tourmente.
La France a été particulièrement affectée en raison de l’anticipation qu'elle pourrait être la prochaine victime (après les États-Unis) d’une dégradation de sa note de crédit AAA, – une rumeur qui s'est révélée sans fondement – et de potins dans le marché sur les banques et leur solvabilité. Le marché a pris en compte le fait que la France dispose de solides relations commerciales avec l'Italie, et que les banques françaises possèdent une bonne quantité de dette italienne. Le marché français a absorbé l'impact de ces préoccupations, avec une perte en clôture de plus de 5%.
L'accent du marché sur la France témoigne du fait que les investisseurs commencent à accumuler une forte pression sur l'Europe. Aux yeux des investisseurs, aucun marché ou pays n'est totalement à l’écart du danger, et ils font savoir ce point de vue. A un certain moment sous cette pression, nous croyons, que cela sera suffisamment incitatif pour les grands pays d’Europe pour s’occuper du problème fondamental de solvabilité et pour stabiliser le système bancaire par une prise de décision politiquement impopulaire de « faire un chèque » pour aider l'Europe périphérique. Jusqu'à ce que cela se produise, la fuite des capitaux, particulièrement vers les États-Unis, restera un risque majeur pour le cœur de l’Europe.
Nous nous attendons à ce que l’Europe réagisse mais ce sera dans la douleur
Malgré l'angoisse induite par le débat sur le plafond de la dette US, un accord a été trouvé. Nous avons les mêmes attentes pour l'Europe et croyons que la résolution que nous attendons tous viendra. Cependant, cela continuera à être un processus très douloureux. En fin de compte, le noyau de l’Europe devra « faire un chèque », les détenteurs d'obligations des pays périphériques auront probablement à subir des pertes et les pays périphériques européens devront vivre en fonction de leurs moyens, mais il est bon de voir que certains de ces pays ont déjà fait des progrès très importants en adoptant des mesures d'austérité. Comme pour le système bancaire américain, le marché a touché les financières, mais notre vision est que le système bancaire n'est pas dans la même situation précaire dans laquelle il était en 2008. Le système est maintenant mieux capitalisé, beaucoup moins endetté et plus transparent.
Actuellement, le problème est dans les mains des leaders politiques Européens, et nous pensons qu’ils feront le nécessaire.
L’économie américaine, bien que fragile, repose sur un certain nombre de piliers solides
Comme pour l'économie américaine, la reprise est à un moment sensible, mais la réserve fédérale a montré un ferme engagement à stimuler la croissance – et ils feront plus, si nécessaire. Les fondamentaux des entreprises sont forts, les dépenses des entreprises restent solides, l’inflation issue des matières premières a baissé, la perturbation de la chaîne d'approvisionnement au Japon se termine et les consommateurs sont aujourd’hui plus riches.
Une petite lueur de soleil attire notre attention : le secteur de la technologie aux États-Unis. Ce dernier s’est relativement bien comporté pendant les ventes massives que nous avons connues cette semaine. En particulier, Apple Inc. a supplanté Exxon Mobil Corp. comme la « société la plus chère au monde » dépassant Exxon dans la journée du 9 août. Il s'agit d'un exemple remarquable ou des entreprises – particulièrement dans le secteur de la technologie – affichent des résultats solides avec des bilans tout aussi solides avec des trésoreries pléthoriques. Certainement des bonnes nouvelles. C’est plutôt bon à prendre !