Etats-Unis : déflation financière et immobilière, Zone euro : faiblesse de la consommation

par Laurent Berrebi, directeur des études économiques de Groupama Asset Management

Etats-Unis : en dépit de l’amélioration de la dynamique de l’emploi, la déflation financière et immobilière demeure des écueils majeurs

Après 6% fin 2009, la croissance devrait être divisée par 2 au 1er trimestre : si elle s’améliore dans le secteur des services tout en restant modérée, le cycle des stocks qui a contribué aux deux-tiers de la croissance au 4ième trimestre devrait être bien moins favorable. La consommation devrait également ralentir : en dépit de l’amélioration notable de la dynamique du marché de l’emploi illustrée par de faibles suppressions d’emplois, les ménages continuent de percevoir une dégradation du chômage et de leur pouvoir d’achat en raison de l’absence de nouvelles mesures de soutien budgétaire.

Mais, le principal écueil à la croissance demeure le marché de l’immobilier, toujours en crise, tant pour sa partie commerciale que pour sa partie résidentielle. La pénurie de crédits en est à l’origine : compte tenu de la multiplication des défauts sur les crédits immobiliers, le retour sur fonds propres des banques commerciales américaines est nul. Bien pire, la poursuite de la distribution de dividendes ponctionne 70 Md$ de fonds propres par an et les banques commerciales réduisent leur bilan et leur exposition sur le secteur privé sur un rythme de plus de 1000 Md$ par an : la déflation financière est toujours en cours. L’inflation sous-jacente se réduit alors sensiblement sous l’impact de la déflation immobilière, alors que l’inflation énergétique a atteint son pic.

Zone euro : la faiblesse de la consommation des ménages amputera la croissance début 2010

La reprise économique a perdu de sa vigueur au dernier trimestre 2009, le PIB n’ayant augmenté que de 0,1% après 0,4%. Seul l’extérieur soutient la croissance à hauteur de 0,3 point : le dynamisme des exportations profite essentiellement à l’Allemagne, les autres pays n’enregistrant qu’une légère progression de leurs échanges extérieurs. Alors que le rythme de déstockage ne se réduit pas, la demande intérieure finale baisse pour le 7ième trimestre consécutif de 0,2%, pénalisée par la déflation financière, la crise immobilière et les surcapacités : l’investissement diminue de 0,8% pour le 7ième trimestre consécutif.

La consommation privée est stable mais ses perspectives sont mauvaises, compte tenu du marché de l’emploi. Le climat dans le commerce de détail se détériore fortement, tout comme les intentions d’achat de biens durables de la part des ménages. En France, la consommation des ménages qui a été soutenue par la prime à la casse « plein pot » fin 2009 corrige également fortement en ce début d’année. Dans ce contexte de consommation durablement affaiblie, l’inflation sous-jacente poursuit sa dégringolade pour revenir à 0,8% : le rythme de hausse des prix énergétiques ayant atteint son pic, l’inflation globale devrait entamer une nouvelle tendance baissière marquée. 

Japon : soulagement mais l’inquiétude demeure

La croissance a été de 0,9% au 4ième trimestre après avoir été stable le trimestre précédent. Elle provient pour les deux-tiers de l’extérieur et pour le reste de la consommation. Les indicateurs avancés récents éloignent le spectre d’une nouvelle baisse du PIB dans les prochains mois. L’investissement résidentiel devrait notamment rebondir, après les fortes baisses tout au long de l’année 2009. La production industrielle devrait cependant continuer à ralentir parallèlement aux exportations : ces dernières ont tout de même augmenté de 1,2% en janvier et demeurent tirées par la Chine, où le durcissement monétaire justifié par une dynamique du crédit déstabilisante devrait cependant conduire à un ralentissement de la demande intérieure. Le rythme de progression de la consommation devrait également être bien plus limité, sous l’impact conjugué de la correction attendue sur le marché automobile, favorisé en 2009 par les primes vertes, et de la baisse des revenus salariaux. La productivité toujours très faible dans l’industrie, et la stabilité des profits à des niveaux d’il y a 10 ans dans le secteur non-manufacturier annoncent de nouvelles suppressions d’emplois massives. Enfin, les fortes pressions déflationnistes devraient également pousser les entreprises à abaisser la rémunération moyenne des salariés.