Etats-Unis : en avant toute

par Caroline Newhouse-Cohen, économiste chez BNP Paribas

Les données et enquêtes publiées cette semaine ont confirmé que la reprise restait plus ferme aux Etats-Unis que dans la zone euro. Le secteur manufacturier continue à avoir un rôle moteur dans la reprise en cours, de part et d’autre de l’Atlantique.

Toutefois, l’évolution du PMI manufacturier américain montre que la production industrielle a crû plus rapidement qu’en Europe au premier trimestre. En effet, l’écart entre l’indice américain et son homologue européen était de près de quatre points, même si le PMI de la zone euro, qui a enregistré le mois dernier sa quatrième hausse, a bondi à 56,6, son niveau le plus haut depuis octobre 2006.

De plus, l’écart entre les indices de production de part et d’autre de l’Atlantique était également de plus de quatre points au T1 2010. Cette évolution suggère que la croissance du PIB aux Etats-Unis a été plus forte au cours de cette période que dans la zone euro, après déjà +1,6% t/t et +0,1% t/t respectivement au T4 2009.

Des deux côtés de l’Atlantique, la reprise dans les services est moins marquée que dans le secteur manufacturier, et les indices d’activité étaient plus élevés (de trois points) aux Etats-Unis en février. Cette avance devrait se maintenir en mars. Par ailleurs, l’ajustement sur le marché du travail américain est bien engagé, et l’on peut attendre un retour durable des créations de postes très prochainement. En mars, même si de très nombreuses embauches temporaires ont été réalisées dans le secteur public, en vue de la réalisation du recensement, c’est dans le secteur privé que sont localisées l’essentiel des créations d’emplois (+123k). Au total, les effectifs ont progressé de 162k et le taux de chômage est resté inchangé à 9,7%. A contrario, le marché du travail devrait continuer de se dégrader tout au long de l’année dans la zone euro. En février, le taux de chômage était de 10%, le niveau le plus élevé depuis août 1998.

Somme toute, l’économie américaine devrait afficher une croissance de près de 3% (-2,4% en 2009) en 2010, alors que la zone euro ne progresserait que de 1% (-4% en 2009). Dans ces conditions, la BCE ne devrait pas plus modifier ses perspectives de faible activité (croissance du PIB attendue autour de 0,8% en 2010 et 1,5% en 2011) et d’inflation modérée (inflation centrale attendue à 1,2% pour 2010 et 1,5% pour 2011), en avril qu’elle ne l’avait fait en mars. Dans ce contexte, elle ne remonterait pas ses taux directeurs avant le deuxième trimestre 2010 et devrait poursuivre sa sortie très progressive des mesures de prêts non conventionnelles. La dernière ORLT (opération de refinancement à plus long terme) à six mois a été menée le 31 mars selon les mêmes modalités que la dernière ORLT à 12 mois en décembre.

La demande de liquidité a été relativement faible, la BCE n’allouant “que” EUR 17,9 milliards, autre signe d’amélioration des conditions sur le marché monétaire.

Enfin, la Grèce a fait un retour remarqué sur les marchés financiers, le 29 mars, en levant 5 milliards d’euros à 7 ans.

Toutefois, l’accord de l’Eurogroupe (cf. Ecoweek 10-12) n’a pas entraîné une baisse immédiate de l’aversion au risque. A 325 pb, l’écart de taux avec le Bund de même échéance rappelait que la confiance n’était pas totalement rétablie, malgré l’annonce de la BCE, le 25 mars, de maintenir la notation minimale du crédit, “BBB-”, exigée au titre de ses opérations de refinancement. La Grèce doit lever 15 milliards supplémentaires entre avril et mai.

Au Japon, l’enquête Tankan de la Banque du Japon pour mars indique que les conditions économiques continuent de s’améliorer, principalement grâce au dynamisme des exportations. L’indice global de diffusion a crû de 7 points par rapport à décembre pour s’établir à -24. L’amélioration est la plus sensible dans le secteur manufacturier (+ 10 points), les grandes entreprises bénéficiant le plus de la progression des exportations.

Toutefois, des doutes demeurent quant à la pérennité de la reprise, comme en témoigne le repli des perspectives à trois mois de l’ensemble des entreprises.

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