États-Unis : la demande ne se porte pas si mal

par Hélène Baudchon et Cécile Duquesnay, économistes au Crédit Agricole

  • Les ventes de détail ont progressé de 0,5 % sur le mois de janvier 2010.
  • L’enquête de confiance NFIB auprès des PME s’est légèrement redressée en janvier.
  • Le déficit extérieur sur les échanges de biens et services s’est fortement creusé en décembre.

 

Les ventes de détail ont progressé de 0,5 % sur le mois de janvier, ce qui est un bon début pour l’ensemble du premier trimestre, surtout que cette hausse apparaît solide (c’est-à-dire pas essentiellement due aux effets prix de la hausse de l’essence et des produits alimentaires). De plus, les révisions des deux mois précédents ont été dans le bon sens : décembre est ainsi moins négatif qu’initialement estimé (-0,1 %) et novembre encore meilleur (+2 %). Hors composantes volatiles (automobiles, essence, nourriture), les ventes sont en augmentation de 0,6 %. Mieux, les ventes hors voitures, essence et matériel de construction (indicateur le plus proche de celui retenu par le BEA pour la consommation dans les comptes nationaux) s’inscrivent en hausse de 0,8 %.

L’enquête de confiance NFIB auprès des PME a légèrement progressé en janvier (à 89,3, contre 88 en décembre) mais elle reste à des niveaux historiquement bas. Ce pessimisme persistant des PME, malgré les signes de reprise et l’optimisme des grandes entreprises, s’explique par des conditions d’accès au crédit bancaire toujours très difficiles (problème auquel les multinationales ne sont pas confrontées avec la même acuité) et par le manque de débouchés sur le marché intérieur (problème contourné pour les entreprises exportatrices). Cet écart inhabituel entre l’enquête NFIB et l’ISM révèle une reprise à deux vitesses, une propagation encore limitée du rebond industriel aux autres secteurs d’activité de l’économie, une offre qui tarde à créer sa demande. La croissance gagnera en force et en vigueur à la seule condition d’un redressement plus tangible de la confiance des PME. Signe encourageant, l’ensemble des composantes de l’enquête s’est amélioré en janvier.

Le déficit extérieur sur les échanges de biens et services s’est fortement creusé en décembre, à 40,2 milliards de dollars (contre 36,4 en novembre, soit sa plus forte hausse de l’année 2009). L’essentiel de cette détérioration provient de l’alourdissement de la facture énergétique. Cependant, hors pétrole et aéronautique, le déficit s’est creusé de 1,1 milliard de dollars, les importations ayant tout de même progressé de 3,5 % sur le mois, compensant la hausse de 3,9 % des exportations. Ce creusement du déficit implique, toutes choses égales par ailleurs, une révision en baisse de la contribution du commerce extérieur à la croissance au quatrième trimestre. Exportations comme importations sont en train de revenir, à des rythmes similaires, vers leur niveau d’avant-crise. A terme, il y a néanmoins de fortes chances que le dynamisme des exportations, portées par la demande étrangère, se poursuive, tandis que les importations s’essouffleraient, en phase avec la faiblesse relative de la demande intérieure.

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